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    Des films à la carte générés par une Intelligence Artificielle ? Le réalisateur d’Avengers Endgame y croit !
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    L'intelligence artificielle prendra-t-elle de plus en plus de place dans la conception des films ? Jusqu'à permettre de créer des films à la carte ? C'est ce que croit savoir Joe Russo, co-réalisateur d’Avengers Endgame. Il s'en explique.

    Le sujet de l'Intelligence Artificielle prend de plus en plus de place à tous les niveaux, et commence à s'immiscer dans le cinéma. Interrogé sur le sujet, à l'occasion d'un entretien avec Collider, Joe Russo, co-réalisateur d'Avengers : Endgame, a partagé son analyse critique de l'ampleur que pourrait prendre cette technologie.

    "Je fais partie du comité de plusieurs entreprises d’intelligence artificielle. Je parle de mon expérience, de ce point de vue, et je peux vous affirmer qu'une Intelligence Artificielle est développée justement pour vous protéger des IA. Et malheureusement, nous sommes dans un monde comme ça, et nous aurons besoin des IA dans nos vies, parce que, peu importe si nous sommes à l'aise avec le fait qu’elles se développent ou non, nous allons être projetés dans ce futur. La question à se poser, c’est comment allons-nous nous protéger dans ce futur ?"

    Mais pour Joe Russo, il y a clairement une façon de tirer parti de cette technologie, qui est amenée à se développer. Au point de permettre, peut-être, à terme, des films générés par le spectateur directement !

    "Vous pouvez utiliser l’intelligence artificielle pour changer le storytelling, poursuit-il dans Collider. Dans un jeu, un film ou une série, l’histoire évolue constamment. Avec l’IA, vous pouvez arriver chez vous et sauvegarder l’intelligence artificielle sur votre plateforme de streaming. Et si vous vous dites : "J'aimerais regarder un film où je pourrais voir mon avatar avec celui de Marilyn Monroe. Je veux que ce soit une romance parce que la journée a été difficile", et cela permet d’avoir une histoire très efficace avec un personnage qui imite la voix. Et désormais vous avez une comédie romantique avec vous-même qui dure 90 minutes. Vous pouvez personnaliser votre histoire avec qui vous voulez…"

    Ces déclarations de Joe Russo interviennent alors qu'un festival français a récemment primé un film généré en partie par une intelligence artificielle. Il s'agit d'un court métrage récompensé dans le cadre du Nikon Film Festival 2023, qui se tenait le 21 avril dernier.

    Un film réalisé avec une intelligence artificielle primé au Nikon Film Festival 2023

    Le jury a récompensé la mise en scène d'un film court, réalisé par Anna Apter, /Imagine. Dans les colonnes du Figaro, Alexandre Astier, président du jury, a commenté ce choix : "/Imagine a donné lieu à une grande discussion. C'était déjà bon signe : il y a des tas de films dont on n'a pas envie de causer ! Et celui-là a quand même posé quelque chose d'assez unique. Ok : une IA a été utilisée pour faire le film, mais je ne trouve pas pour autant que ce soit un film «réalisé par une IA». L'intelligence artificielle est accompagnée d'une intelligence du texte, qui est d'origine humaine. Et c'est la chose la mieux réussie du film. Celui-ci est ainsi l'une des plus chouettes représentations de la créativité humaine et des limites de l'IA."

    Kaamelott 2 : Alexandre Astier utilise une intelligence artificielle pour écrire le film

    Cet entretien d'Alexandre Astier se démarque cependant des propos tenus par Joe Russo. Le réalisateur de Kaamelott ne pense pas que l'IA pourrait égaler le travail créatif d'un autre. "J'ai essayé Midjourney, ChatGPT… Midjourney pose effectivement un problème parce qu'il pique et rassemble le style d'artistes reconnus. On peut en revanche l'utiliser comme un mood board, un tableau d'ambiance. C'est ce que je fais là. J'imagine un décor composé avec des choses spécifiques : l'IA rend un premier jet qu'il est nécessaire de retravailler, de corriger. Cela m'aide à réfléchir.

    Mais ce n'est pas quelque chose que je présente à mon équipe – même quand le décor en question est très abouti. Cela intimiderait la créativité des gens avec qui je travaille et je ne veux surtout pas brider le travail de direction artistique. Idem pour ChatGPT, qui peut imiter le style d'auteurs anglo-saxons, à la manière de Joseph Campbell par exemple. J'ai refait de cette façon deux-trois scènes, pour voir. Ça marche bien. Mais n'importe quel consultant en scénario sait aussi faire ça. Il y a sans doute une place pour que les IA deviennent nos copains de route ou nos assistants. Cependant, au bout du compte, ce n'est pas une IA qui signe, mais un être humain."

    Le débat devrait à n'en pas douter se poursuivre sur le bon usage à faire de ces nouvelles technologies !

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