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    "Last days" : la conférence de presse cannoise

    Gus Van Sant et toute l'équipe de "Last days", film qui concourt pour la Palme d'or, répondaient vendredi aux questions des journalistes. Extraits de la conférence de presse cannoise.

    Les premières heures de "Last days".

    Gus Van Sant : Last days est une fiction, car personne ne sait ce qui s'est vraiment passé au cours de ces derniers jours. Au départ, je voulais faire un biopic, et donc traiter de différents aspects de la vie de Kurt Cobain. Mais cela m'a vite semblé un peu trop conventionnel, et puis ça brassait trop d'informations. J'ai alors décidé de me concentrer sur les derniers jours de sa vie, en m'intéressant à des éléments très quotidiens : ça pouvait être par exemple son goût pour les macaronis au fromage... Il me semblait plus pertinent de parler de ces petites choses que, par exemple, de ses conflits avec l'industrie du disque. Je me suis donc éloigné de l'idée d'un biopic, à tel point que j'avais même pensé à un moment faire un film muet, avec Holger Thaarup, un acteur de 14 ans que j'avais vu dans un film de Vinterberg.

    Smells like Pitt spirit

    Michael Pitt : On ne connaît jamais les raisons qui poussent quelqu'un à se suicider. Il me semble que Blake n'aborde pas la mort d'une manière particulière. Pour moi, c'est un peu comme si, tout au long de sa vie, il se souvenait de sa mort (sic), comme s'il avait toujours su ce qui allait arriver. Concernant mon apparence physique, j'ai dû changer mon alimentation pour avoir ce look de junkie : je ne mangeais plus que de la laitue et des fruits. Ca m'a causé des maux d'estomac, ce qui était très bien pour le rôle. De toute façon, je savais que si j'allais dans une mauvaise direction, Gus me le dirait tout de suite. Ce qui est essentiel, c'est la relation entre l'acteur et le metteur en scène.

    Simplicité

    Gus Van Sant : Nous avons toujours souhaité privilégier le réalisme plutôt que le sensationnel. La séquence avec Kim Gordon aurait par exemple pu donner lieu à un "grand moment de cinéma", au sens où on l'entend traditionnellement : Blake aurait par exemple pu se mettre en colère et casser ses instruments... Mais nous avons préféré nous demander ce qui avait pu réellement arriver, et le représenter simplement, sans "faire cinéma".

    Love, etc.

    Gus Van Sant : Si on ne voit pas Courtney Love dans le film, c'est parce que Last days évoque seulement les derniers jours de la vie de Cobain, et d'après ce qu'on sait, elle n'était pas présente à ce moment-là. Néanmoins, on peut supposer que la voix que l'on entend lors d'une conversation téléphonique est celle de la femme de Blake.

    Kim, Kurt & Blake

    Kim Gordon [chanteuse et bassiste du groupe Sonic Youth, elle fut une amie de Kurt Cobain et joue dans le film le rôle de la représentante de la maison de disques] : C'est toujours très frustrant de voir une personne aussi intelligente que l'était Kurt Cobain perdre totalement pied. Dans le film, je crois que mon personnage se doute de ce qui va arriver à Blake. Elle aimerait l'aider, le protéger, mais c'est forcément limité, car on ne peut pas non plus traiter les gens comme des enfants. Kurt était dans une psychose, comme piégé. Je crois que chacun avait sa propre idée sur qui il était, et sur les raisons de son suicide. L'idée du film, c'est qu'on ne connaît jamais vraiment les gens qu'on croît connaitre, et qu'il peut y avoir un décalage très fort entre l'image qu'on donne et ce qu'on vit au quotidien.

    Recueilli à Cannes le 13 mai 2005 par Julien Dokhan

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