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    Sur la trace du Roi Singe avec "Enslaved : Odyssey to the West"

    Après avoir livré en 2007 "Heavenly Sword", un Beat'Them All qui puisait déjà largement dans la mythologie et la culture chinoise pour se forger sa propre identité, le studio indépendant Ninja Theory remet le couvert avec "Enslaved, Odyssey to the West". Une variation attachante du "Voyage en Occident" et de la légende du Roi Singe.

    En 2007, le studio indépendant Ninja Theory, basé à Cambridge, livrait Heavenly Sword, un Beat'Them All exclusif à la PS3. Si le titre, qui plongeait ses racines dans l'antique culture chinoise, offrait un résultat somptueux tout en réussissant à se forger sa propre identité, son Gameplay parfait défaillant et frustrant l'avait empêché d'atteindre les cimes qu'il revendiquait clairement.

    Qu'à cela ne tienne, le studio, qui bénéficit de l'aide d'Alex Garland au scénario et d'Andy Serkis, remet le couvert en nous offrant Enslaved, Odyssey to the West. Une variation de la célébrissime oeuvre fantastique "Le voyage en Occident", écrite à la fin du XVIe siècle en Chine. On ne compte d'ailleurs plus les multiples influences nées autour de la légende du Roi singe et de ce conte, que ce soit au théâtre, à l'opéra, en films (le dernier en date étant chez nous Le Royaume interdit), et même en série comme Dragon Ball d'Akira Toriyama.

    La guerre, toujours la guerre...

    Plus de 150 ans dans le futur, la guerre a radicalement changé le monde. Les métropoles ne sont plus que des ruines couvertes d’une luxuriante végétation, et une poignée d’êtres humains survit face à une armée de robots de combats déterminée à les éradiquer. Monkey est un personnage fort, athlétique et solitaire. Capturé par de mystérieux vaisseaux esclaves qui enlèvent les survivants, il rencontre Trip, une jeune technophile enlevée par le même vaisseau qui prévoit de s’échapper. Elle réalise très vite que Monkey, avec sa force et sa puissance, est son seul espoir de survire lors de ce voyage périlleux qui la ramènera chez elle. Elle s’empare d’un bandeau esclave qu’elle met à Monkey afin de les lier l’un à l’autre, pour le meilleur...et pour le pire : si elle meurt, il succombera à son tour.

    Les deux font la paire

    Même si Enslaved, Odyssey to the West n'est jouable qu'en solo, la coopération, forcée au début avant que se nouent des liens d'amitié entre les protagonistes, y occupe une place importante et permet de faire diversion, activer des mécanismes...L'essentiel repose sur les phases d'action et la ressemblance avec Uncharted 2 du studio californien Naughty Dog sorti fin 2009, est frappante. Enslaved: Odyssey to the West parvient toutefois à dégager une forte identité, grâce à des choix artistiques originaux. Ainsi, loin de ressembler à l'habituelle ville délabrée des oeuvres de science-fiction, New York dans le jeu abrite une végétation luxuriante, dans un formidable mélange de teintes.

    A ce titre, les propos (dans IG magazine n°10) de Tameen Antoniades, Creative Director de Ninja Theory sont assez étonnants. Il avoue volontier s'être inspiré d'oeuvres comme Blade Runner et Alien pour le Design général. Pour notre part, on pencherait plus volontier sur un mélange très réussi lorgnant du côté de L' Armée des 12 singes, dans lequel la nature reprend ses droits, où ne subsitent en surface que d'éphémères traces de la civilisation.

    Un univers et des personnages attachants disions nous plus haut. C'est aussi le résultat d'une collaboration plutôt fructueuse avec deux personnalités du cinéma. A commencer par Alex Garland, scénariste fétiche de Danny Boyle, à qui l'on doit les scripts de La Plage, 28 jours plus tard ou Sunshine. Loin d'être un simple gimmick marketing ou faire-valoir pour attirer le chaland, l'implication du scénariste fut réelle; au point d'ailleurs qu'il est crédité au générique en tant que Level Designer, tant le Level Design et l'écriture du scénario sont indissociables.

    L'incontournable Andy Serkis enfin, qui avait prêté son corps aux personnages de Gollum et King Kong au cinéma, a renouvelé l'exercice pour cette production et prête ses traits et sa voix à Monkey. Il a également écrit et dirigé les Cut-Scenes du jeu. "Que ce soit au cinéma, au théâtre ou dans un jeu vidéo, il y a peu de différences. L'acteur doit interpréter un personnage au service d'une histoire même si, dans le cas présent, on se rapproche plus du cinéma car il faut penser aux angles des prises de vue" avait d'ailleurs déclaré l'acteur à l'AFP peut avant la sortie du jeu. Si le titre de Ninja Theory n'est pas exempt de tout défaut (angle de caméra parfois défaillants notamment), possède une histoire somme toute classique, et n'a pas toujours les moyens techniques de ses ambitions (Voir le module que nous avons consacré au jeu dans Game in Ciné), il reste que non seulement Enslaved : Odyssey to the West vaut largement le détour, mais aussi que le titre marque à nos yeux une vraie montée en puissance du studio indépendant de Cambridge, qui pourrait bien finir par nous livrer une bombe vidéoludique. En tout cas, on prend le pari.

    Olivier Pallaruelo

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