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    Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare... : la recette du succès selon Jason Blum
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    La franchise "Paranormal Activity", "Sinister", "American Nightmare", la saga Insidious...Le point commun entre ces films ? Petits budgets, maxi recettes et un homme derrière tout ça : Jason Blum, un producteur heureux.

    La saga Paranormal Activity, Sinister, American Nightmare, dont le troisième volet est actuellement en salle, la saga Insidious...Le point commun entre ces films qui lorgnent ouvertement du côté de l'horreur épouvante ? Simple : petits budgets, maxi recettes.

    Qu'on en juge. Un budget microscopique comme celui du premier volet de Paranormal Activity justement, d'un montant de... 15.000 $, pour des recettes de plus de 193 millions $. Le film le plus rentable de la décennie; du moins pour le moment. Paranormal Activity 2 ? Un budget de 3 millions $, pour plus de 177 millions de dollars de recettes au BO mondial. Insidious, sorti en 2011 ? Un budget dérisoire de 1,5 millions $ pour terminer dans le peloton de tête des films les plus rentables de l'année.

    Derrière ces succès, un homme, qui donne des cauchemars aux studios mal avisés de ne pas avoir eu le nez assez creux pour distribuer ses films, tant l'intéressé semble avoir trouvé une véritable martingale : Jason Blum. Son credo ? Il nous l'a résumé lui-même, très simplement, lors de notre entretien pour la promotion du film American Nightmare : "nous sommes une petite société qui fonctionne avec de petits budgets, mais avec de gros concepts". Gros concepts, "High Concepts" en VO. Mais ici, rien à avoir avec le fameux "High Concept" cher au coeur du producteur Don Simpson dans les années 1980.

    A la tête de sa structure Bloomhouse Productions, ce natif de New York âgé de 47 ans, fils d'un marchand d'art contemporain, avoue ne pas avoir été dans sa jeunesse un fanatique de films. Depuis sa création en 2000, sa société a ainsi produit plus d'une trentaine d'oeuvres. Pour Insidious : Chapitre 2, il a consenti à augmenter le budget, passé de 1,5 à 5 millions $. Pas plus.

    Wild Bunch Distribution

    Pourquoi ? "Je pense fondamentalement que plus vous mettez de l'argent dans la production d'un film, moins vous pouvez prendre de risques. Par exemple, si je donnais 30 millions de dollars pour faire un film d'horreur, je voudrais que chacune des décisions prises sur le film soit vérifiée et validée par quelqu'un. En revanche, si vous maintenez un budget faible, vous pouvez laisser le réalisateur faire le film qu'il souhaite. C'est comme cela que je procède avec James Wan". Et l'intéressé d'ajouter : "personnellement, je trouve ça plus gratifiant [d'avoir du succès] avec des budgets modestes".

    Contrairement aux suites de films qui s'inscrivent le plus souvent dans une suite chronologique, Jason Blum préfère une approche qui permet de développer l'arc narratif, entre les Prequels et les Sequels"En fait, je veux que les gens se disent qu'ils ont vu un film suffisamment original pour ne pas qu'ils aient l'impression de l'avoir déjà vu. Et en même temps, tâcher de se connecter aussi aux personnes qui sont restées sur le premier film, et qui n'estimaient pas nécessaire de faire une suite. C'est là que le concept de Prequel est intéressant, parce qu'il permet de lier les deux types de public".

    Universal Pictures

    Insidious : Chapitre 2 était à peine dans les salles, mais il avait, bien entendu, déjà commencé à anticiper sur le budget du 3e volet. "Lorsqu'on m'a dit que le 3e volet serait comme un film de David Lynch, ca aurait été irresponsable de faire ce film avec une enveloppe de 20 millions de dollars. Vous ne pouvez pas avoir un film d'horreur ayant le look d'un film de David Lynch. Ca ne marche pas. Mais avec un très petit budget, vous pouvez vous permettre de faire des trucs tordus". L'intéressé appréciera sans doute le constat. Sur American Nightmare 2, Blum nous avait confié avoir accepté de pousser l'enveloppe du film à 9 millions. "Pour nous, c'est comme Transformers, c'est beaucoup d'argent !" avait-il dit. On ne se refait pas. On rappelle pour la forme que le film a rapporté la somme rondelette de 112 millions de $ au BO mondial. Et le budget du 3e opus alors ? Tout juste 10 petit millions. En 2015, le producteur, qui a décidément le nez creux, a eu sa première nomination aux Oscars, en tant que producteur du (remarquable) film Whipash, auréolé de 3 Oscars.

    Blum gère donc ses budgets comme une fourmis. Et ca lui réussit. De quoi donner des idées aux aspirants producteurs qui rêvent du jackpot : "ne vous concentrez pas sur ce qui pourrait vous rapporter le plus d'argent. Concentrez-vous sur ce qui vous permettra de mettre sur pied vos films". Paroles d'expert.

    Ci-dessous, la bande-annonce de American Nightmare 3 : Elections en salle depuis mercredi...

     

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