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    Olive Kitteridge, la minisérie qui va vous ébranler

    A partir du mercredi 9 mars, Canal+ Séries diffuse "Olive Kitteridge", une minisérie au casting 4 étoiles déroulant 25 ans de la vie d’un couple vivant dans une petite ville du Maine. Une histoire d’allure simple qu’il ne faudrait pourtant pas rater.

    HBO

    Olive Kitteridge fait partie de ce genre de production qui a tout pour faire rêver. Une histoire adaptée d’un Prix Pulitzer, une équipe de choc (Tom Hanks à la production, Frances McDormand dans le rôle-titre…), une chaîne prestigieuse (HBO) et une présentation en avant-première au cours d’un célèbre Festival de cinéma (la Mostra de Venise).

    Dans cette même lignée, la minisérie a amassé de nouvelles cartes "prestige" en remportant quatre récompenses majeures aux Emmy Awards 2015 (Meilleure minisérie, Meilleure actrice, Meilleur acteur et Meilleur acteur dans un second rôle) et des nominations aux Golden Globes. Mais, finalement, toute cette auréole dorée n’a aucun sens si le public passe à côté. Un destin que l’on ne souhaite pas à Olive Kitteridge, petite pépite de seulement quatre épisodes qui, à mesure, qu’elle se déploie distille tout son pouvoir.

    Se déroulant à Crosby, une petite ville fictive du Maine, la minisérie – adaptée du roman d’Elizabeth Strout (2008) - raconte 25 ans de la vie d’Olive Kitteridge, une prof de math à la personnalité très complexe. Si complexe que le premier épisode démarre sur un inquiétant et mystérieux cérémonial : Olive, seule dans la forêt, la radio allumée, agenouillée sur un plaid, tient dans ses mains un revolver prêt à être utilisé. Va-t-elle tirer ? Comment en est-elle arrivée là ? L’histoire nous le dira et justement, cette dernière nous ramène immédiatement 25 ans en arrière dans le foyer qu’Olive partage avec son mari Henry (Richard Jenkins) et leur fils adolescent Chris (Devin Druid).

    Ce foyer que l’on découvre est en crise. Olive est une femme difficile, en colère, toujours prête à dire ce qu’elle pense sans avoir peur de blesser, autant son mari que son propre fils. Une femme terrible et drôle à la fois, dont les réactions sont jubilatoires mais mettent tout autant mal à l’aise. Avec une telle héroïne, on aurait pu imaginer plusieurs saisons d’une comédie noire et grinçante, une sorte de Nurse Jackie du Maine. Mais, ce n’est pas tout à fait le but d’Olive Kitteridge, un drama bourré de fulgurances comiques mais surtout doté de sensibilité et de délicatesse.

    HBO

    Quatre heures (ou 25 ans) de la vie d'un couple

    Olive Kitteridge, c’est avant tout le récit d’un couple, le récit d’une vie à deux. Aussi différents qu'un homme et une femme peuvent l'être, Olive et Henry vont traverser 25 ans de vie commune. Gentil, généreux et toujours prêt à aider et réconforter, Henry (Richard Jenkins, déjà fantastique dans Six Feet Under) est un rayon de soleil tragique qui aimerait que sa femme rit à ses blagues et qu'elle lise ses cartes de la St Valentin. De son côté, si Olive – merveilleusement campée par Frances McDormand – se fiche des cartes de St Valentin parce qu’elle sait déjà ce qu’elles contiennent, méprise et moque souvent son mari, elle est toutefois beaucoup plus fine et altruiste qu’on pourrait le croire.

    Les reproches qu'Olive et Henry se font, les envies d'ailleurs qu'ils ont - et qu'ils réalisent chacun à leur manière - leurs frustrations quant à leur vie de couple et leurs désaccord nous les montrent d'abord comme étant incompatibles.

    Puis, parce qu'Olive Kitteridge est dans le réalisme et non dans le romantisme hollywoodien, leur intimité filtre à l’écran, nous transmettant au passage la difficulté universelle de vivre à deux et les multiples raisons pour lesquelles deux individus peuvent rester ensemble. L'amour d'Henry et Olive, plus que l'illusion de l'amour - comme la série nous le montre aussi - a duré. Il a donc compté.

    Capture d'écran

    Palpitations cardiaques en vue

    Si la minisérie tient en son coeur les personnages d’Olive et Henry, elle parvient aussi à créer une galerie de personnages secondaires aussi passionnants les uns que les autres, évoluant à l’échelle de la ville de Crosby mais aussi ailleurs. Moins nombreux que dans le roman, ces personnages se débattent eux aussi devant nos yeux. La série ne les épargne pas et le temps non plus, à mesure que leurs destins nous sont évoqués. Les élèves d’Olive grandissent et se démènent eux aussi avec la vie, à l'image du personnage de Kevin campé, à l’âge adulte, par le fantastique Cory Michael Smith, un oiseau blessé sujet à des hallucinations, prêt lui aussi à mourir. Il est clairement l’un des personnages les plus émouvants de la saison télé 2014.

    Très nuancée, Olive Kitteridge nous livre tout un panel d’émotions à taille humaine. On ressent la gêne, le ridicule, la culpabilité, le ressentiment, l’exclusion, la frustration, l'illusion, la douce folie, la dépression, la honte, la peur d’être aussi perturbé que ses propres parents et la négation ou la surexposition de ses propres traumatismes. On voit le chagrin étouffé au creux d’un oreiller et des personnages muets face à l’incompréhension que leur oppose le monde. Des douleurs existentielles qui font de ce monde un lieu tangible auquel auquel on croit et qui nous touche, même longtemps après.

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    Ces personnages dont on suit l’avancée en profondeur sont tellement bien écrits, tellement bien interprétés (notamment par Zoe KazanJesse Plemons et John Gallagher Jr.) et dotés d’émotions tellement tourbillonnantes que l’on n’a pas envie de les quitter après le quatrième épisode. De même, d'autres figures de la ville arrivent bien tard dans la minisérie, à l’instar du personnage interprété par Bill Murray, que l’on ne voit qu’une minute dans le troisième épisode puis dans l’intégralité du quatrième. D’autres encore ne font que traverser l’écran de façon assez mystérieuse, comme cette pianiste qui joue, d’un endroit à un autre, d’une époque à une autre et qui fait presque partie du décor, comme une sorte de belle routine mélancolique. Tous avaient assez de puissance pour faire d’Olive Kitteridge une série de plus de quatre épisodes.

    L’intelligence et la beauté au service du passé et du présent

    Avec cette galerie de personnages blessés par la vie et tous plus ou moins perturbés, on pourrait croire qu’Olive Kitteridge est une fiction déprimante. C'est faux. Et les coups d’ironie assénés par Olive à tous ceux qui croisent sa route ne sont pas les seuls moments qui éclairent cette minisérie. La réalisation de Lisa Cholodenko (The Kids are All Right) joue ainsi un rôle essentiel dans la retransmission de la beauté environnante. Le Maine apparaît ici dans toute sa splendeur, dans ses bleus, dans sa fraicheur automnale éclairée par des rayons de soleil, dans ses contrastes. La nature fait d’ailleurs écho chez tous les personnages du show qui la ressentent à différents degré.

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    Chez les personnages, c'est pareil : de la beauté peut naître de la tristesse et vice-versa. Quand Henry rit avec un peu trop d'insistance en présence de Denise, comme une délivrance, celle de rires trop longtemps retenus. Quand Olive redécouvre un vestige de l’enfance de son fils qui lui évoque un souvenir que ce dernier a certainement oublié mais qui nous fait comprendre, à nous seuls, la mère qu’elle a pu être. Plusieurs autres flashbacks et flashforwards nous font d'ailleurs naviguer dans l'histoire d'Olive et Henry et dans celles des satellites qui les entourent mais la série n'utilise jamais ces procédés de manière systématique. Quand Olive Kitteridge en fait usage, c’est toujours pour ses personnages, pour éclairer quelque chose d’essentiel dans leur passé : une émotion, un souvenir, un traumatisme.

    Intelligente et très fluide, cette narration est l’une des raisons qui font de cette minisérie une œuvre aussi maîtrisée, incontournable et surtout palpitante. Si on aurait aimé avoir plus de quatre épisodes, Olive Kitteridge trouve aussi sa force dans sa fugacité. Parce qu’elle raconte une vie (et plusieurs autres) avec ses oublis et ses évènements marquants mais évoque aussi notre douloureuse relation au temps qui passe et au décalage auquel le présent nous confronte jour après jour, elle raconte la vie telle qu’elle est. Fulgurante et trop rapide.

    La bande-annonce d'Olive Kitteridge, diffusée à partir du mercredi 09 mars sur Canal+ Séries à 20h50 :

     

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