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    Elizabeth Olsen : "Avengers représentait un autre monde dont j'ignorais l'existence"
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    De passage au dernier Festival de Deauville, Elizabeth Olsen est revenue avec nous sur sa jeune carrière, de "Martha Marcy May Marlene" à "Avengers 2", disponible en DVD et Blu-Ray depuis ce mercredi 30 septembre.

    The Walt Disney Company France

    Avant 2011, Elizabeth Olsen n'était que "la petite soeur des jumelles". Puis Martha Marcy May Marlene est arrivé, et la comédienne s'est vue propulsée sur le devant de la scène hollywoodienne grâce à la pépite indé de Sean Durkin, avant d'enchaîner les projets : "Je ne fais des films que depuis 5 ans donc j'estime avoir de la chance d'être dans cette position", nous rappelle-t-elle lorsque nous la rencontrons au dernier Festival de Deauville, où elle a reçu le Prix Nouvel Hollywood.

    L'occasion de revenir avec l'actrice sur cette carrière courte mais déjà riche, où elle est notamment passée du circuit indépendant au Marvel Cinematic Universe, via OldBoy et le nouveau Godzilla. Le tout avec beaucoup d'auto-critique et aucune langue de bois.

    AlloCiné : Vous souvenez-vous du moment où vous avez voulu devenir actrice ?

    Elizabeth Olsen : Oh oui ! (rires) J'ai grandi en regardant des comédies musicales. Je les trouvais magiques et je cherchais à toutes les copier devant la télévision. Je me souviens que ma mère avait une table de toilette devant laquelle je jouais des personnages de Blanches colombes et vilains messieurs. Je suis allé dans des camps de théâtre dès l'âge de 7 ans, en sachant que je faisais du ballet depuis que j'en avais 5, car tout ce que je voulais, c'était jouer dans des comédies musicales.

    J'ai fini par réaliser que ce n'était pas ce que je voulais, et l'un de mes professeurs de lycée m'a encouragée à étudier l'art dramatique à la fac, donc ça a fini par se produire ainsi. Quand on a grandi à Los Angeles, ça peut être gênant de dire que l'on veut devenir acteur, car les gens pensent que c'est parce que vous avez vécu là-bas que vous pensez en être capable et savez de quoi il en retourne. Mais c'est vraiment ce que j'ai toujours voulu faire. J'ai joué pendant toute ma vie et je ne me rappelle pas d'une année où ça n'était pas le cas. Ça me remplit de joie et me permet encore d'apprendre des choses que j'ignorais, car le processus d'apprentissage me fait constamment évoluer.

    Le fait que vos soeurs soient déjà actrices a également dû aider dans cette envie de le devenir également, non ?

    Je ne sais pas si ça m'a aidée ou faite souffrir. Ça n'avait plus beaucoup d'importance au moment de la sortie de Martha Marcy May Marlene : comme les gens avaient aimé le film et ma performance, c'est devenu une anecdote à mon sujet. Mais je ne pense pas que ça m'aurait aidée, pour quelque raison que ce soit. Le népotisme est quelque chose que les gens voient d'un mauvais œil, donc il faut travailler encore plus dur pour éviter que des personnes y pensent.

    J'ai fait des choix qui n'étaient pas patients

    Quel souvenir gardez-vous de votre tout premier rôle à l'écran, dans le téléfilm "Deux jumelles dans l'Ouest" (1994) ?

    (rires) Ce qui est drôle, c'est que toutes les petites choses que j'ai faites étant petite venaient du fait que nous étions 4 enfants et que mes parents ne voulaient pas nous séparer. Si mes soeurs étaient en tournage, alors que j'étais à l'école, je les rejoignais et il m'arrivait d'apparaître dans ce qu'elles faisaient, après un coup de peigne. Pour Deux jumelles dans l'Ouest, nous étions au Canada et il leur fallait une petite fille dans une voiture pour dire "C'est par ici !".

    Je me rappelle donc être avoir été assise dans une voiture avec l'inconnu qui jouait le chauffeur, et prononcé ma réplique. A l'époque, le plus bizarre pour moi était d'être là avec un inconnu sans que ça ne dérange mes parents (rires) C'est bien sûr ce en quoi consiste le travail, mais je ne le savais pas à l'époque, d'où cette impression étrange.

    Vous parliez de votre performance dans "Martha Marcy May Marlene", qui vous a révélée en 2011 : comment avez-vous travaillé votre personnage alors que vous n'avez décroché le rôle que deux semaines avant le tournage ?

    A l'époque, je tournais mon premier long métrage [Peace, Love & Misunderstanding, ndlr], qui était un peu plus simple et pas trop impressionnant. J'ai donc travaillé le personnage de Martha Marcy May Marlene comme si je résolvais un puzzle, chaque jour dans ma loge sur cet autre tournage. Mon principal souci était de lui établir un passé, comprendre les choix qu'elle avait faits. Dès lors qu'il y avait une ambiguïté dans le scénario sur son point de vue ou son origine, je prenais un maximum de décisions. J'étais tellement enthousiaste d'avoir décroché ce rôle que je l'ai vraiment attaqué (rires)

    Le résultat lui a valu une nomination aux Independent Spirit Awards :

    Pensiez-vous, à l'époque, qu'il changerait à ce point la donne pour vous ?

    Non, je n'avais pas conscience de ça. Je savais juste que je faisais un très petit film et, lorsqu'il est sorti, des gens m'ont demandé si c'était intimidant que d'être le personnage principal et si je ressentais de la pression à ce sujet. Ce n'était pas le cas puisque j'avais déjà tenu le rôle principal d'une pièce à la fac l'année d'avant. En fait je ne ressentais pas de pression extérieure car je ne savais pas où Martha Marcy May Marlene irait. Je n'avais aucune idée de ce qu'était un festival de cinéma, puisque j'étudiais le théâtre, et la politique des films indépendants m'échappait complètement. Tout a donc été très suprenant pour moi, et j'ai abordé les événements de façon très naïve.

    On peut imaginer que vous avez reçu beaucoup de propositions par la suite, et vous avez d'ailleurs fait beaucoup de films. Mais était-ce difficile de faire des choix ?

    Oui. Juste après avoir tourné Martha Marcy May Marlene, j'ai enchaîné avec Silent House, et j'ai fait des choix qui n'étaient pas nécessairement patients. J'étais juste contente de travailler et que des gens veuillent le faire avec moi, donc j'ai un peu dit "Oui" à tous les rôles qui se trouvaient sur mon chemin. Puis, quand Martha... est sorti, j'ai décidé que je voulais faire des films qui reposaient sur les personnages. Je ne faisais donc pas attention au réalisateur, au scénariste ou aux producteurs : je voulais juste des personnages différents.

    Maintenant, je me trouve dans une phase où le scénario doit bien sûr être bon, mais je suis davantage focalisée sur le réalisateur et les producteurs, et sur leur soutien mutuel. Quand on travaille avec des personnes en conflit, ça donne un film confus au final. Je commence donc à apprendre. Je ne fais des films que depuis 5 ans, mais c'est fascinant que d'apprendre à faire de bons choix pour se sentir mieux protégée.

    Je serais mauvaise en héroïne sans réel challenge

    A quel point le risque et le défi comptent-ils dans vos choix ?

    Je ne saurais dire si je choisis consciemment de prendre un risque, mais je ne pense pas être capable de jouer le dindon de la farce ou la petite amie avec laquelle il n'y a aucun conflit. Je ne pense pas que je serais bonne dans ce genre de rôle. Il me faut des personnages avec une lutte intérieure car je peux mieux les comprendre et les jouer à cause de cela. Je serais mauvaise en héroïne sans réel challenge.

    On vous a toutefois vue dans deux blockbusters, "Godzilla" et "Avengers 2". Quels ont été les challenges, en tant qu'actrice, sur ces films plein d'effets spéciaux et de fonds verts ?

    Ça m'a moins marquée sur Godzilla que sur Avengers, qui représentait un tout autre monde dont j'ignorais l'existence (rires) Dans Godzilla, la majorité de ce que je faisais se déroulait dans un hôpital ou une maison, même si j'ai parfois dû interragir avec une chose fausse qui n'était pas là. Mais tout reposait sur l'imagination. Avengers, c'était super technique ! Mais très difficile en même temps, car vous attendez beaucoup, puis vous tournez pendant dix minutes, donc vous devez vous réveiller et être dans le coup.

    Vous ne savez pas, qui plus est, à quel moment vous devez être sur le plateau. Du coup vous vous demandez si vous avez le temps de faire autre chose, puisque vous attendez pendant des heures. C'est un gros défi technique que de rester investi, physiquement et émotionnellement. Lorsque vous tournez six pages de dialogue en une journée, vous êtes constamment stimulé, et vous ne vous ennuyez pas car l'adrénaline est toujours là.

    Avec Avengers, c'est difficile. Et je sais qu'il y a une grosse base de fans des comic books, notamment pour le personnage de Scarlet Witch. Je viens de l'incarner une nouvelle fois dans Captain America 3, et j'ai alors cherché ce qui pourrait rendre les fans enthousiastes et qui n'était pas dans le scénario. Quelque chose de discret mais qu'ils pourraient remarquer. J'essaye de bien saisir ce que les spectateurs avaient aimé d'elle dans L'Ere d'Ultron pour ensuite l'utiliser. C'est amusant de rejouer un personnage de cette façon.

    Ce qui vous attend dans le DVD et Blu-Ray de "Avengers 2" :

    Avez-vous hésité avant de vous engager sur "Avengers 2", dans la mesure où Marvel fait signer les acteurs pour plusieurs films ?

    Je n'ai pas signé pour tant de films (rires) Au début, je devais faire deux films plus un caméo [dans Captain America 2, ndlr], mais j'y suis encore car il me reste un long métrage à tourner [Avengers 3, ndlr]. Je n'ai donc pas eu un contrat de 6 ou 9 films, ce qui m'aurait d'ailleurs faite hésiter, mais j'étais surtout enthousiaste à l'idée de jouer ce personnage, qui est un joker. Elle l'est toujours dans les comic books et peut très rapidement changer, pour devenir folle, et peut aussi bien être une méchante qu'une héroïne. J'ai donc toujours su que j'aurais un conflit intéressant à jouer.

    ==> Un conflit qui se prolongera dans "Captain America 3"

    Vous dites que vous ne tournez que depuis 5 ans, mais vous avez quand même travaillé avec beaucoup de grands acteurs. Aux côtés duquel avez-vous le plus appris ?

    Je pense que celui qui m'a le plus appris sur le métier d'acteur et la façon de communiquer avec les autres est Oscar Isaac. Nous avons fait le film In Secret [adaptation de Thérese Raquin inédite en France, ndlr] ensemble, et le résultat s'est avéré être moins bon que ce que nous espérions, mais tant pis. Mais nous nous sommes quand même démenés en le faisant et c'était un vrai défi. Il y avait beaucoup de scènes difficiles, et Oscar est un acteur incroyable et très technique. Je ne dis pas que j'en ai connu qui étaient difficiles, mais j'ai beaucoup appris avec lui.

    Pour finir, Sean Durkin prépare une adaptation de "La Petite maison dans la prairie" : seriez-vous prête à jouer dedans ?

    Je pourrais travailler sur n'importe quel projet avec Sean. S'il faisait une pub pour du chewing gum, je serais prête à en mâcher pour lui. Je ferais n'importe quoi pour lui car nous sommes restés bons amis, et j'adorerais retravailler avec lui.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 9 septembre 2015

    Elizabeth Olsen est aussi au coeur de "Kill Your Darlings", sorti en DVD le 28 septembre :

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