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    Much Loved : l'actrice Loubna Abidar explique pourquoi elle a quitté le Maroc
    Clément Cuyer
    Clément Cuyer
    -Journaliste
    Clément Cuyer apprécie tous les genres, du bon film d’horreur qui tâche à la comédie potache. Il est un "vieux de la vieille" d’AlloCiné, journaliste au sein de la Rédaction depuis maintenant plus de deux décennies passionnées. "Trop vieux pour ces conneries" ? Ô grand jamais !

    Dans une lettre ouverte publiée sur le site du Monde, Loubna Abdidar, l'actrice marocaine du film Much Loved, explique pourquoi elle a décidé de quitter son pays pour la France, quelques jours après avoir été victime d'une agression à Casablanca.

    Virginie Surd

    Dans une lettre ouverte publiée ce jeudi sur le site du Monde, Loubna Abidar, l'actrice marocaine du film Much Loved, dans lequel elle incarne une prostituée et qui a été interdit de diffusion au Maroc, explique pourquoi elle a décidé de quitter son pays pour la France, quelques jours après avoir été victime d'une agression à Casablanca.

    Loubna Abidar revient d'abord sur son expérience avec Much Loved et sur les réactions qui ont très vite suivies au Maroc. "Dans ce film, j’ai mis toute mon âme et toute ma force de travail, portée par Nabil Ayouch et mes partenaires de jeu. Le film a été sélectionné à Cannes. J’y étais, c’était magique", déclare-t-elle. "Mais dès le lendemain de sa présentation, un mouvement de haine a démarré au Maroc. (...) Much Loved dérangeait, parce qu’il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu’il donnait la parole à ces femmes qui ne l’ont jamais. Les autorités ont déclaré que le film donnait une image dégradante de la femme marocaine, alors que ses héroïnes débordent de vie, de combativité, d’amitié l’une pour l’autre, de rage d’exister."

    D'autres auraient pu me tuer

    Déclarant avoir reçu "des dizaines" de messages de soutien et d'amour venus d'Europe et du Maroc, des messages de prostituées également, l'actrice revient sur la "campagne de détestation" dont elle est victime. "Sur Facebook et Twitter, mon nom est associé à celui de "sale pute" des milliers de fois par jour. Quand une fille se comporte mal, on lui dit "tu finiras comme Abidar". Tous les jours, je lis que je suis la honte des femmes marocaines. Chaque semaine, je reçois des menaces de mort." Et d'évoquer ce jour du 5 novembre, où elle est agressée dans les rues de Casablanca : "J’étais dans la rue, ils étaient dans leur voiture, ils m’ont vue et reconnue, ils étaient saouls, ils m’ont fait monter dans leur véhicule, ils ont roulé pendant de très longues minutes et pendant ce temps ils m’ont frappée sur le corps et au visage tout en m’insultant. J’ai eu de la chance, ce n’était "que" des jeunes enivrés qui voulaient s’amuser… D’autres auraient pu me tuer."

    Je ne veux plus vivre dans la peur

    Aujourd'hui, Loubna Abidar a décidé de quitter le Maroc. "J’ai fait des déclarations de colère que je regrette. Je ne savais plus où j’étais. Alors j’ai décidé de quitter le Maroc", déclare-t-elle. "C’est mon pays, je l’aime, j’y ai ma vie et ma fille, j’ai foi en ses forces vives, mais je ne veux plus vivre dans la peur. On s’attaque à moi pour un rôle que j’ai joué dans un film que les gens n’ont même pas vu. Une campagne de dénigrement légitimée par une interdiction de diffusion du film, alimentée par les conservateurs, nourrie par les réseaux sociaux si présents aujourd’hui… et qui continue de tourner en rond et dans la violence. Au fond, on m’insulte parce que je suis une femme libre. Et il y a une partie de la population, au Maroc, que les femmes libres dérangent, que les homosexuels dérangent, que les désirs de changement dérangent. Ce sont eux que je veux dénoncer aujourd’hui, et pas seulement les trois jeunes qui m’ont agressée…"

    Pour retrouver l'intégralité de la lettre ouverte sur le site du Monde : cliquez ici !

    La bande-annonce de "Much Loved" :

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