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    We Blew It : pleins feux sur le Nouvel Hollywood

    Que sont donc devenus les idéaux de la contre-culture US et de ces cinéastes qui furent à l'origine de ce qu'on appelle Le Nouvel Hollywood ? A l'occasion de la sortie du documentaire "We Blew it", retour sur un phénomène qui a marqué le cinéma.

    Warren Beatty et Arthur Penn, les trouble-fêtes

    Figures emblématiques de la période, Warren Beatty et Arthur Penn ont vécu la fin de l’âge d’or d’Hollywood aux premières loges, une chute qu’ils ont en quelque sorte eux-mêmes provoqué. Jusqu’au Nouvel Hollywood, Beatty n’avait jamais réellement connu le succès. Depuis La Fièvre dans le sang d’Elia Kazan, sa carrière patine. Bien souvent, l’acteur se trouve même trop bon pour les rôles qu’on lui propose : il va jusqu’à refuser d’interpréter le rôle du président des Etats-Unis que lui offre John Fitzgerald Kennedy en personne.

    Beatty est l'une des premières personnes à avoir forcé les portes des studios. Il présente un jour à Jack Warner le scénario d’un film révolutionnaire pour l’époque : Bonnie and Clyde. La légende raconte qu’il se serait jeté aux pieds du producteur pour que ce dernier accepte de financer le projet. D’abord réticent, Jack Warner, alors sur le point de revendre ses parts du studio, accepta. Un événement majeur dans l’histoire du cinéma.

    Finalement, ce fut le réalisateur Arthur Penn qui fut choisi par la Warner pour diriger Bonnie and Clyde. S'ensuivit un tournage marqué par la rivalité entre ce dernier et Warren Beatty. Contre toute attente, et ce même après la présentation catastrophique du premier montage de Bonnie and Clyde, une projection publique fut organisée au siège de la société des réalisateurs (Director’s Guild) sur Sunset Boulevard. Dans la salle : Charles K. Feldman, Sam Spiegel, Jean Renoir, George Stevens, Billy Wilder, entre autres.

    Alors que le film prenait fin sur la fameuse séquence d’embuscade, d’une violence rare à l’époque, quelqu’un finit par dire, après un long silence dans la salle : "Et bien, Warren Beatty et Arthur Penn viennent de nous en boucher un coin". Le silence se mua alors en tonnerre d’applaudissements. La sortie de Bonnie and Clyde fit l’effet d’un raz-de-marée. Bientôt, le béret de Bonnie devint un incontournable des soirées branchées. Toutefois, de violentes critiques émanant des titres de presse les plus prestigieux se firent entendre, parmi lesquelles un article du Times intitulé "Le Nouveau Cinéma : Violence… Sexe… Art". Le combat du Nouvel Hollywood contre le Vieil Hollywood venait de débuter.

    Ci-dessous, la -terrible et fameuse- fin du film...

    Grâce à ce succès, les carrières de Penn et Beatty venaient d’être relancées. Par la suite, après quelques rôles remarqués, notamment dans John McCabe de Robert Altman et Shampoo de Hal Ashby, Warren Beatty souhaita renouveler le succès retentissant de sa première réalisation, Le Ciel peut attendre (1978). Il réalisa alors un projet qui le hantait depuis de nombreuses années : Reds (1981), une biographie épique du journaliste radical John Reed, sorte de double de Warren Beatty, et seul américain à être enterré au Kremlin.

    Grande nouveauté pour l’époque : en plus d’être coûteux, le film traitait de manière plutôt positive de la Révolution russe, d’où de grandes difficultés à entraîner un studio dans son sillage pour financer un tel projet. Charlie Bluhdorn, de la Paramount, finira toutefois par accepter, lâchant néanmoins à l’adresse du cinéaste : "Fais-moi plaisir, accepte un budget de 25 millions de dollars, pars au Mexique, mets 24 millions à gauche pour toi, fais un film avec 1 million mais, par pitié, abandonne ce projet là !"

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