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    We Blew It : pleins feux sur le Nouvel Hollywood

    Que sont donc devenus les idéaux de la contre-culture US et de ces cinéastes qui furent à l'origine de ce qu'on appelle Le Nouvel Hollywood ? A l'occasion de la sortie du documentaire "We Blew it", retour sur un phénomène qui a marqué le cinéma.

    D.R.

    Dennis Hopper, le gourou de la contre-culture

    Si l’on ne devait retenir qu’un seul nom parmi les nombreux pionniers du Nouvel Hollywood, ce serait sans doute celui de Dennis Hopper. Jusqu’à la fin des années 1960, les films étaient en décalage complet avec la réalité que vivait les jeunes Américains de l’époque. Le premier long métrage de Dennis Hopper, Easy Rider, est de ces films qui ont contribué à modifier irrémédiablement la situation. Hopper raconte : "Personne ne s’était jamais reconnu dans un film. Pendant que les gens continuaient à regarder Doris Day et Rock Hudson, les jeunes fumaient de l’herbe ou prenaient du LSD dans tous les love-in du pays."

    Nous sommes en 1967, les informations abordent la guerre du Viêtnam et les mouvements contestataires naissants dans toute l’Amérique. Les Black Panthers deviennent les idoles de la gauche blanche américaine. Un sentiment de culpabilité bourgeois commence pour beaucoup à se faire sentir. Accompagnés de l’auteur dramatique Michael McClure, Dennis Hopper et Peter Fonda décident un jour de proposer l’idée d’Easy Rider à la société de production American International Pictures (A.I.P.). Problème : personne ne veut parier sur quelqu’un d’aussi imprévisible que Dennis Hopper.

    Jack Nicholson, proche des producteurs, ironisait alors : "Tu connais Dennis, ce n’est pas vraiment le genre de type à qui tu confierais du cash les yeux fermés. Tu vois ce que je veux dire ?". Le cinéaste Bob Rafelson finit toutefois par présenter Hopper au producteur Bert Schneider en lui disant : "Ce mec est complètement cinglé mais je crois profondément en lui et je pense qu’il va bientôt nous faire un film génial." Bientôt Schneider accepta de financer Easy Rider à hauteur de 360 000 dollars, alors que ni Hopper ni Fonda n’avaient d’expérience, que ce soit dans la production ou dans la réalisation.

    D.R.

    Jusqu’aux premiers jours de tournage, les deux hommes n’ont pas de véritable scénario. Ils connaissent simplement le nom des deux personnages principaux (Billy, d’après Billy the Kid et Wyatt, en référence à Wyatt Earp, alias Captain America) et ont en tête de réaliser une séquence de trip sous acide. Peter Pilafian, l’un des preneurs de son, raconte : "Dennis était fou, à moitié psychotique. Pendant le tournage, il y avait des revolvers sur la table, et chargés. Il aimait ce genre d’atmosphère". Un nombre incalculable de membres de l’équipe de tournage démissionnèrent.

    Après moult rebondissements, le tournage eut enfin lieu et s’étala sur sept semaines. Sous l’influence de la Nouvelle Vague française et du cinéma underground, Dennis Hopper prit la décision de conserver les défauts techniques au montage. Peter Fonda : "Dennis a coupé de façon assez sauvage, il est allé à l’encontre de tout ce qu’on avait arrêté ; le résultat était sans forme, abstrait, mais j’aimais assez ça". Chaque jour, Hopper modifiait le montage et organisait des projections-test où les joints tournaient en permanence. De sorte que le résultat, dont la durée s’étalait sur plus de quatre heures, semblait pour tous les spectateurs rythmé, grâce à l’effet de la drogue.

    Côté bande-son, Easy Rider est le film qui utilisa pour la première fois l’énergie du rock’n roll des années 1960. Une idée qui sera par la suite reprise pour de nombreux films, parmi lesquels American Graffiti, Mean Streets ou encore Apocalypse Now. Présenté par BBS Productions dans une version de 94 minutes aux patrons de la Columbia, le film laissa ces derniers perplexes. Il fallut attendre le Prix de la Première œuvre au Festival de Cannes pour qu’ils acceptent de le distribuer. Le succès à venir du film était alors prévisible.

    A sa sortie en 1969, toute la génération de la contre-culture se reconnut dans le film, et fit rapidement de Dennis Hopper et de Easy Rider son symbole, aux côtés de John Lennon ou encore Abbie Hoffman. Easy Rider fut à l'origine d'une déflagration plus importante encore que celle générée par Bonnie and Clyde. Dorénavant, la contre-culture avait sa place à Hollywood. Et, bonne nouvelle pour Hollywood, le public reprenait à nouveau, après dix années troubles, le chemin des salles de cinéma.

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

     

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