Mulcahy est un bon artisan de séries B, et il les réussit généralement. Talos, est surement l’un de ses films les plus faibles, même si on sent qu’il tient quelque chose d’intéressant, mais c’est étouffé par une couche assez épaisse de ridicule.
Le casting s’adjoint des seconds rôles de prestige, avec Lee, Shelley Duvall, Michael Lerner notamment, qui livrent des prestations peu discutables, mais courtes. Les rôles principaux reviennent à Jason Scott Lee, Louise Lombard, Sean Pertwee. Le premier est assez faible, et ne se trouve pas très à l’aise dans son rôle visiblement. Acteur capable de bonnes choses dans un contexte qu’il affectionne, ici on dirait un peu un chien dans un jeu de quilles, et il est tout de même trop maladroit. Louise Lombard est assez efficace, mais ne laisse tout de même pas une très grande impression, Sean Pertwee emportant finalement le morceau avec un rôle pourtant pas facile, mais peut-être plus exubérant et plus pimenté que les autres.
Le scénario est faible, trop faible. Après une entrée en matière franchement solide, le film vire ensuite un peu au n’importe quoi. Succession de meurtres presque tous coupés avant les moments intéressants, comblés entre chacun, par des scènes assez niaises issus d’une part d’une relation amoureuse sans intérêt, d’une enquête assez nulle, et des délires de Pertwee qui restent peut-être les moments les plus sympas. Ensuite le métrage prend un tournant plus structuré, lorsque tous les protagonistes finissent par se rejoindre, et la dernière partie est assez efficace, jusqu’à la conclusion qui fera plaisir à ceux qui aime les surprises. Franchement sur 1 heure 50 de films, je dirai qu’à peu près 40 minutes sont réellement appréciables.
La réalisation de Mulcahy n’est pas mauvaise du tout, et l’on retrouve bien son efficacité. Heureusement j’ai envie de dire. Style nerveux, cadrages alambiquées, on retrouve le style gras, riche, typique de Mulcahy, qui fait sa force souvent. Les décors et l’ambiance manque de piquant. Si le film a un méchant vraiment méchant et sous-tend quelques petites choses poisseuses renvoyant au film de serial-killer, malheureusement il reste trop propret sur la forme, semblant forcer un peu dans la dernière ligne droite, avec un côté plus sombre et glauque. Les effets sanglants ne sont pas assez présents et pas tous très réussis, mais ils restent impactant, et les effets spéciaux sont inégaux. En fait ils ont pris un peu de plomb, logique pour un film de 1998, et reste encore d’assez belle tenue, mais il y a quelques incrustations pas terribles, et surtout dont le film aurait pu se passer. Il cherche à en faire trop et tombe dans le piège du ridicule (les corbeaux, la mâchoire de tigre). Sinon bon thème principal, trop sous-utilisé à mon sens.
En clair Talos est un métrage à voir à l’occasion, mais que je ne saurai réellement recommander. Bien plus sombre que La Momie de Sommers, il pourra plaire à un public plus sensible à cette approche, mais il se plombe trop souvent à vouloir continuellement servir la grandiloquence et l’exagération. Je lui accorde un 2, en ayant le sentiment d’un petit gâchis, tant je sens qu’il y avait du potentiel.