Critique après le premier visionnage :
J'aime beaucoup Nolan : j'étais en extase devant Inception, j'ai bien accroché à Mémento, j'ai trouvé le Prestige plutôt bon et la trilogie du Dark Knight m'a fait rêver. Ce que je vais dire, ça va me faire très mal de le dire et je vais me faire haïr. Et puis mince, je m'en fiche, j'explique ma vision des choses. J'ai haï Interstellar. J'ai vraiment trouvé ce film mauvais. Là où tous les films de Nolan étaient spectaculaires (OK, la majeure partie de ses films) sans franchir la barrière du prétentieux, Interstellar la franchit carrément. Je commence par le scénario : un père de famille est envoyé dans l'espace pour trouver une nouvelle planète à l'espèce humaine, qui a pourri la sienne. La majeure partie du film se concentre sur la relation entre le père et sa fille. Au début elle est sympa. Mais là j'arrive au point du film qui m'a gonflé, mais alors gonflé : la lourdeur. Ce film est lourd. Dans chaque émotion des personnages, c'est de l'artificiel. Au début, ça passe. C'est à dire que, comme dans beaucoup de films de Nolan, mais pas que, l'émotion est créée par la musique qui se combine à l'image. Généralement, ça marche bien, mais là c'est trop. Chaque moment où il est censé y avoir de l'émotion, la musique apparaît et semble inciter le spectateur à pleurer. Prenez Drive par exemple. Quand Refn veut faire passer une émotion, il laisse des plans des personnages, sans musique, avec juste leurs regards. Et ça passe tout seul, tout est dit et c'est beau. Là l'émotion est forcée, très hollywoodienne. La musique est pas mal, mais répétitive. Est-ce un problème ? Pas forcément. Dans Inception, la musique était répétitive, mais bien dosée, et du coup chacune de ses apparitions la rendait épique. Dans Interstellar, la musique est bonne, mais elle est trop utilisée. Du coup, chacune de ses apparitions le rend pompeuse et le film en souffre. Il y a ensuite les débats philosophiques. Et bien chacune des discussions des personnages ne mènent à rien. C'est long et pompeux. Je ne sais pas, après tout, au final, seule la fin donne à réfléchir, pas le reste. Ensuite, la fin. Beaucoup ont crié au génie. Pas moi.
Nan mais c'est quoi cette fin ? Nolan veut faire réfléchir mais au final, la fin ne fait pas réfléchir sur les questions métaphyses mais sur la fin du film. Ensuite c'est vraiment tiré par les cheveux. J'ai lu les explications, j'ai fait mes recherches, mais c'est tiré par les cheveux. Et puis j'en ai marre que Nolan fasse les choses à moitié quoi. Dans Inception ça passait super bien, la part de mystère était géniale, mais au bout d'un moment ça va, c'est comme si Nolan s'était mis devant une feuille, et s'était dit : "Cool, ma fin je l'explique pas, comme ça chacun se fait son interprétation et tout le monde dit que je suis un génie"
. Ah oui, et ce foutu pouvoir de l'amour. C'est lourd et américain, c'est nian-nian... Et puis c'est pas comme si Nolan en parlait de façon subtile et intelligente, les dialogues où il est évoqué sont lourds et basiques. Et bon sang, quel message à la fin
l'amour nous sauvera tous, et c'est pas grave qu'on bousille la Terre, on trouvera une autre planète de toute façon
.
Voilà, je laisse une étoile et demi pour les acteurs, qui s'en sortent et les effets spéciaux, qui sont bons (sans être révolutionnaires). Ça me fait mal de le dire, mais pour moi Christopher Nolan a signé une oeuvre lourde, prétentieuse et hollywoodienne, surestimée.
Critique après le second visionnage :
Je me suis forcé à le revoir cet Interstellar après ne pas l'avoir aimé, car je pensais que j'avais raté un truc... Et en effet j'avais raté un truc. Bon, je trouve toujours des défauts à Interstellar : deux ou trois dialogues un peu pompeux (dont un niais sur le pouvoir de l'amour) et le personnage de Casey Affleck
trop oublié vers la fin du film au profit de Murphy
... Mais sinon, j'ai adoré ! J'avais dit que ce film était prétentieux dans ma critique du premier visionnage, je vais remplacer ce mot par ambitieux. Quand à la fin, je me demande encore pourquoi j'ai dû rechercher des explications tant elle est explicite. Bon, parlons des vrais points positifs du film : visuellement c'est splendide, il n'y a pas une image qui ne soit pas belle, et franchement ça claque. Ensuite j'ai ressenti bien plus d'émotions que lors de mon premier visionnage. Puis bien sûr il faut parler de la magnifique bande originale d'Hans Zimmer qui colle parfaitement au film, d'autant plus incroyable qu'il l'a composée sans en avoir vu une image (bon peut-être que Nolan en fait un peu trop avec la musique, mais quand on l'apprécie ça passe très bien). J'ai été emporté cette fois dans cette épopée spatiale à l'ambiance mystique, tellement que sur 3 heures je ne me suis jamais ennuyé.
Je vous recommanderais donc, si comme moi vous n'avez pas aimé au premier visionnage, de laisser une nouvelle chance à cet Interstellar. Moi en tout cas je dis bravo à Nolan.