La Forêt de Mogari a été présenté en Compétition au 60e Festival de Cannes, où il a décroché le Grand Prix. Naomi Kawase avait déjà été primée à Cannes par la Caméra d'Or pour Suzaku (1997). La réalisatrice est une habituée du festival puisque, même s'il est reparti bredouille, Shara faisait lui aussi partie de la sélection officielle en 2003.
La cinéaste revient sur les origines du projet : "" J'ai voulu faire ce film, parce que ma grand-mère était atteinte de légère démence sénile et dans la société actuelle, on considère ces personnes un peu de haut, avec de la pitié. On oublie que ça peut nous arriver. On les considère aussi comme des êtres qui sont à plaindre, alors qu'en fait, leur âme est restée intacte. Ils ont encore des âmes d'être humain avec des sentiments et on oublie l'importance que l'on doit accorder aux sentiments. Il faut replacer l'âme au centre de la relation humaine. "
" J'ai joué le vieil homme atteint de sénilité et je pense que chaque jour vécu me rapproche de la mort. Je pense à la mort de manière très naturelle, ça fait partie de la vie. J'ai actuellement 60 ans, mais dans le film, je jouais un personnage de 70 ans. Je n'oubliais pas que j'avais dix ans de plus quand j'étais devant la caméra. Pour me préparer au rôle, j'ai passé trois mois dans un foyer pour personnes âgées, un foyer qui a servi de modèle pour le film. J'ai passé trois mois avec ces personnes atteintes de sénilité. Je mangeais avec eux, je prenais mon bain avec eux, j'ai vécu avec eux, j'ai senti avec eux. "
" Mon expérience personnelle est basée sur ma petite enfance. J'ai été élevée par des gens beaucoup plus âgés que moi puisque j'ai été élevée par ma grand-tante, et j'avais donc deux générations de décalage avec elle. C'est elle qui m'a appris à respecter le soleil, le feu, la nourriture. J'ai été élevée dans cette relation mystique avec la nature et avec ce qui m'environnait. Je devais aussi respecter tout ce qui est transmis de génération en génération. C'est un peu le fruit de mon expérience personnelle et c'est ce qui m'a construite. "