Mais qu'est-ce qui peut bien pousser les distributeurs à (res)sortir Cloud Atlas ? C'est sans doute que la polémique fait vendre, et s'il y a bien une chose dont on peut être sûrs, c'est que le dernier opus de la team Wachowski (les papa-maman de Matrix) va faire parler de lui. Tandis que certains s'empresseront de crier au génie, d'autres, qui n'auront manifestement "rien compris à la démarche artistiques des réalisateurs ni à la dimension visionnaire du film", ne pourront s'empêcher de hurler au foutage de gueule. Enterré depuis sa sortie en septembre 2012 au Festival International de Toronto —mais encore trouvable sur quelques plateformes de streaming russes —, le projet germano-américain au cast américano-australo-britanno-coréen (vous suivez ?) arrive en avant-deuxième mondiale sur nos écrans cet hiver. Gloubiboulga gluant et indigeste de spiritualité pop, de paranoïa apocalyptique et de "Karma pour les Nuls", Cloud Atlas nous embarque dans une traversée de près de 3h et 5 siècles d'un imbroglio magistralement... sans intérêt. Six histoires, sept acteurs, huit faux-nez, tout ça pour apprendre que nos actes ont des conséquences, que l'esclavagisme c'est mal, et que "se connaître soi-même n'est possible qu'à travers les yeux des autres". Et on voudrait nous faire croire que Cloud Atlas, avec sa vision inédite d'une humanité revenue à l'état primitif (La Planète des Singes, 1968), sa mégacité orientalisante (Blade Runner, 1982), ses clones pleins d'amour et de révolte (A.I., 2001, L'Attaque des Clones, 2002, I, Robot, 2004, The Island, 2005, pardon, je m'emporte....), ses interfaces de contrôle improbables (Stargate ?), son kung-fu urbain (...Matrix), est un film audacieux et inspiré ? On ne nous prendrait pas un peu pour des clones ? Un film épique qui a tout de l'epic fail, en somme, malgré un budget maquillage résolument ambitieux. Budget qui vaut d'ailleurs à Cloud Atlas la palme (il aura au moins celle-ci) du film indépendant le plus onéreux de l'histoire : 102 millions de dollars pour transformer Halle Berry en Nicole Kidman dans The Hours, ça aurait été bête de se priver !
Quant à moi, je préfère encore me faire une overdose de "savon" que de recommander ce triste nanard. C'est moche, mais c'est la "vérité-vraie".