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    Présumé coupable
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Présumé coupable" et de son tournage !

    Un travail de reconstitution remarquable qui ne verse jamais dans le pathos...

    Pour la performance hallucinante de Philippe Torreton, amaigri d'une vingtaine de kilos pour le rôle d'Alain Marécaux...

    Pour le climat oppressant qui se dégage du film. Terriblement réaliste et désespéré...

    Un patelin nommé Outreau

    Petite ville de la banlieue de Boulogne sur Mer, Outreau est aujourd'hui tristement célèbre pour la fameuse affaire d'abus sexuels et de pédophilie qui a débuté en 2001. Les faits sordides, reprochés à une vingtaine de personnes, ont ému la France entière. Quelques années après, il s'est avéré que la plupart de ces individus avaient été accusés à tort. Depuis, ce scandale judiciaire a fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup ont dénoncé les défaillances du système juridique français.

    A l'origine du scandale

    Pour rappel, l'affaire d'Outreau a débuté lorsque les services sociaux ont découvert que le couple Myriam Badaoui et Thierry Delay pratiquait des relations incestueuses avec ses enfants. Inculpés, les deux adultes ont alors affirmé que deux de leurs voisins participaient à ces pratiques sexuelles déviantes. Le juge Fabrice Burgaud se trouve alors chargé d'instruction par le Procureur de la République et croit mettre le doigt sur un réseau de pédophilie. En plus des deux couples cités précédemment, il écrouera quatorze personnes soupçonnées d'implication dans les viols et autres exactions sexuelles sur les enfants de Myriam Badaoui et Thierry Delay. Les prémices d'une terrible procédure pénale...

    Marécaux désigné

    Pour Alain Marécaux, huissier de profession, le cauchemar a commencé alors qu'il habitait dans un village à trente kilomètres d'Outreau. Les enfants du couple Badaoui-Delay ont été scolarisés dans le même établissement que le fils ainé de Marécaux et se sont liés d'amitié avec lui. L'un d'eux a ensuite accusé plusieurs personnes de pédophilie puis dénoncé calomnieusement presque tous les adultes de son entourage. Parmi eux, le nom de Marécaux a été désigné. Sur la foi des propos tenus par le garçon de Myriam Badaoui, maladroitement confirmés par sa mère, les forces de l'ordre sont allées chercher l'huissier de justice à son domicile. Le début d'un long, très long calvaire.

    Le périple de l'innocent

    Embastillé, Alain Marécaux était d'abord persuadé qu'il allait être relâché de manière imminente. Huit mois passent. Le huissier de justice fait alors une tentative de suicide par absorption de médicament. Sa femme est ensuite libérée, mais lui reste encore en détention. Au bout d'un an et demi de réclusion criminelle, Marécaux décide d'entamer une grève de la faim. Non pas par revendication, mais par volonté de mourir. Transporté à l'hôpital-prison de Fresnes, il ne s'est plus alimenté pendant près de 100 jours, perdant ainsi plus de 50 kilos ! Il a été définitivement acquitté par la Cour d'Assises en 2005.

    Des médias complices

    A noter qu'au moment où l'affaire d'Outreau a éclaté, la majeure partie des médias était persuadée que les prévenus étaient coupables. Beaucoup de journalistes se sont fondés sur les déclarations de l'accusation et sur des sources émanant du Parquet. Très peu d'entre eux avaient tenté de mener leur propre investigation. Alain Marécaux a sa petite idée sur la question : "La presse se vend bien mieux quand elle titre «Un réseau pédophile à Outreau» que «Des innocents en prison ?»".

    Journal intime

    Alain Marécaux a publié le journal qu'il tenait durant son incarcération sous le titre Chronique de mon erreur judiciaire : une victime de l'affaire d'Outreau. C'est en lisant cet ouvrage que Vincent Garenq a décidé de réaliser un film sur l'affaire Outreau : "Au fil de cette lecture, je n’ai jamais cessé de m’indigner, de pleurer, de décolérer, jamais je n’aurais pu imaginer qu’une telle histoire fût possible en France, et pourtant…Avant de lire ce précieux témoignage, je croyais connaître l’affaire d’Outreau, en réalité, je n’en savais rien."

    Un film sur l'accusé

    Vincent Garenq n'a pas cherché à réaliser un film sur l'affaire Outreau dans son ensemble mais sur un homme, Alain Marcéraux donc, qui s'est trouvé au cœur de cet énorme engrenage. De ce fait, durant le montage, plusieurs pans d'informations ou passages explicatifs ont été coupés afin d'épurer et d'assécher le film. Cela permettait de renforcer la proximité du spectateur avec le personnage d'Alain Marécaux. L'huissier de justice confirme d'ailleurs cette démarche: "Présumé Coupable n’a pas l’ambition de traiter de l’affaire d’Outreau, mais a la volonté de faire réfléchir et de montrer comment, en France, un individu qui avait une vie rangée et qui ne demandait rien à personne a vu son existence basculer du jour au lendemain. Et comment il est passé d’un homme respecté et respectable à un violeur d’enfant."

    Un titre qui en dit long

    Le nom du film, Présumé coupable, est à mettre au compte de l'épreuve qu'a vécu Alain Marécaux, qui n'a même pas bénéficié de la présomption d'innocence à laquelle a droit toute personne suspectée, même pour les délits les plus graves. Explications de l'intéressé: "Outreau est le mauvais cas d’école par excellence qui a démontré que toutes les règles fondamentales du droit ont été bafouées et inversées. En France, Outreau a montré que lorsqu’on est entraîné dans une affaire judiciaire, la présomption de culpabilité prime sur tout le reste. Je dirais même qu’avec Outreau, il n’y a même pas eu de présomption de culpabilité, mais d’emblée une culpabilité avérée."

    A la recherche des faits

    Vincent Garenq s'est longuement documenté sur l'affaire Outreau, a étudié de près le dossier d'instruction. Il a également lu de nombreux témoignages délivrés par les compagnons de fortune d'Alain Marcéraux, suspectés sans véritable preuve et broyés eux aussi par la machine judiciaire. Le cinéaste a ensuite contacté Alain Marécaux afin d'imaginer avec lui une adaptation cinématographique. L'ancien accusé d'Outreau a alors suivi de près Garecq tout au long du projet. L'avocat de Marécaux est lui aussi intervenu pendant la préparation du film pour éclairer certains aspects dans cette affaire.

    Droit de vie sur le film

    Au départ, Alain Marécaux n'était pas favorable à l'idée que son histoire personnelle soit portée à l'écran. C'est finalement la rencontre avec Vincent Garenq qui l'a convaincu: "J’ai découvert un réalisateur qui avait compris ma souffrance et qui savait que ce film ne pouvait pas être une fiction". De plus, le producteur Christophe Rossignon a assuré à l'innocenté d'Outreau qu'il avait entièrement le droit de regard sur ce film et pouvait décider à tout moment d'en interrompre le tournage. Marécaux a lu la douzaine de versions différentes du scénario avant d'en sélectionner une qu'il a validée... Celle qui servira de base de travail sur le tournage.

    La méthode Torrenton

    Philippe Torreton a rencontré Alain Marécaux quelque temps avant le tournage du film afin de recueillir les informations dont il avait besoin. Il s'est ensuite complètement isolé de façon à mieux réinventer et travailler son rôle. L'acteur n'a pas cherché à se documenter minutieusement sur l'affaire d'Outreau, considérant que cela ne lui aurait pas été d'une grande utilité. Ses deux seuls livres de chevet ont été le journal publié d'Alain Marécaux et le scénario du film.

    Une hygiène de vie draconienne

    Pour les besoins du rôle, Philippe Torreton s'est rasé le crâne et était prêt à perdre 40 kilos à l'image du personnage qu'il joue, refusant au passage l'idée de faire appel à une doublure. Un tel écart de poids aurait été trop dangereux pour sa santé, aussi il a dû se rabattre sur une perte de 27 kilos. L'acteur devait être suivi par un nutritionniste mais a finalement décidé de s'en passer. Il s'est assujetti à un régime des plus drastiques. Le tournage a été interrompu en cours de route, le temps que Torrenton puisse s'amaigrir pour atteindre le poids visé. Son alimentation se constituait essentiellement de boites de fromage blanc, de façon à ce qu'il puisse perdre 300 grammes par jour.

    En état de fragilité

    Philippe Torreton affirme que son rôle dans Présumé Coupable est le premier qui ait "autant trait à l'abandon". L'acteur a vécu une dépression durant le tournage, noyé dans "les larmes, l'isolement, l'hébétude et le désir de mort". Il explique avoir été dans un état de vulnérabilité permanente.

    Dans la peau du juge

    Raphaël Ferret, qui interprète le juge Burgaud, a eu pour consigne de ne pas tenter d'imiter le personnage mais de s'en rapprocher progressivement étape après étape. Une méthode qui vise à construire entièrement le rôle sans basculer dans la vulgaire imitation. Bien que Ferret ne soit pas d'une troublante ressemblance avec Burgaud, Alain Marécaux a eu un mouvement de recul en le rencontrant durant le tournage. "La ressemblance était telle que, soudain, les fantômes d’Outreau revenaient me hanter", dira-t-il. Quant aux sœurs de l'ancien accusé, elles ont cru reconnaître Fabrice Burgaud lors de leur visite sur les plateaux.

    Un parfum de Depardon

    Présumé Coupable a été tourné dans un esprit très réaliste. Vincent Garenq souhaitait imprégner son film d'une esthétique de l'ordre du cinéma direct, caméra à l'épaule et cadre instable, tout en restant dans la juste mesure. Le cinéaste voulait un style assez abrupt mais sobre. Certaines séquences ont été tournées avec des éclairages naturels, comme dans les documentaires de Raymond Depardon.

    Une fiction sans fiction

    Aucune séquence de fiction n'intervient dans Présumé Coupable. Vincent Garenq a estimé que cela aurait pu être perçu comme offensant. Les auteurs du film ont décidé de rester entièrement fidèles à la réalité des événements, d'autant plus qu'Alain Marécaux avait exigé que l'oeuvre ne raconte autre chose que le réel. Quelques condensations d'événements ou raccourcis ont évidemment été nécessaires pour la cohérence du scénario.

    Portes closes pour l'équipe de tournage

    Dans un souci d'authenticité, l'équipe du film a voulu réaliser les prises de vue dans des décors naturels, ce qui n'a pas toujours été chose aisée. Les séquences de garde à vue ont par exemple été réalisées dans un ancien commissariat de Lille. Si Alain Marécaux a séjourné dans la prison de Beauvais, Vincent Garenq et ses techniciens n'ont même pas pu la visiter. Ils ont dû se rabattre sur une prison vétuste en Belgique qui était sur le point d'être reconstruite en université. Enfin, il faut savoir que les personnes travaillant sur Présumé Coupable ont été considérées comme indésirables dans la région du Nord et n'ont pas pu accéder aux tribunaux de Boulogne-sur-Mer. Il a donc fallu tourner les scènes de procès en région parisienne.

    Palette d'acteurs anonymes

    Pour les seconds rôles et les figurants, Vincent Garenq a directement recruté des acteurs sur les lieux de tournage. Du fait que ce sont des visages quasi-anonymes, cela renforce la dimension réaliste du film. Ainsi, pour les séquences dans le commissariat, sous l'uniforme des policiers, ce sont d'authentiques représentants de la loi qui jouent leur propre rôle. Seule consigne donnée par le metteur en scène : "Faites ce que vous faites d'habitude".

    De la famille sur le film

    Les deux fils d'Alain Marécaux ont travaillé en régie sur le tournage de Présumé Coupable. La femme actuelle de l'huissier de justice, elle, interprète une infirmière dans la séquence où le personnage joué par Philippe Torreton est hospitalisé à cause de sa perte de poids.

    Réutilisation des JT

    Des images d'archives et des vidéos de journaux télévisées ont été utilisées pour le montage de Présumé Coupable. Certains journalistes n'ont pas accepté de ré-enregistrer leur voix pour le film par-dessus les reportages qu'ils avaient effectués à l'époque. "Ils avaient rétrospectivement honte", affirme Vincent Garenq.

    Toute musique sera absente

    Il a été décidé que Présumé Coupable ferait l'économie d'une bande musicale, de crainte de créer un côté trop mélodramatique. Bien que le compositeur Klaus Badelt ait en charge d'écrire une partition, Vincent Garenq et ce dernier se sont rendus compte qu'une musique de film n'aurait pas eu son utilité et desservirait les images.

    Qu'en pense l'intéressé ?

    Alain Marécaux considère le résultat final de Présumé Coupable comme étant extrêmement fidèle à son vécu, bien qu'il regrette l'absence de certains éléments de son histoire.

    Trève de confusions

    Présumé Coupable n'a rien à voir avec Présumé Coupable de Peter Hyams, thriller où Michael Douglas joue un procureur ambitieux, connu pour sa sévérité et son efficacité, et qui se présente au poste de gouverneur. Il existe aussi un documentaire du même titre sur le procès au Mexique d'un homme faussement accusé d'homicide. D'ailleurs, lors du jugement en appel, le juge libèrera l'accusé après avoir vu les images, considérant que les preuves étaient insuffisantes pour sa condamnation. Une intrigue similaire à celle du film de Vincent Garenq, qui renforce d'autant plus la confusion...

    La marraine de Marécaux rassurée

    La marraine d'Alain Marécaux n'était pas enthousiaste à l'idée qu'un film soit tourné sur le vécu de son filleul. Convaincue après avoir assisté à la projection de Présumé Coupable, elle a dit à Philippe Torreton : "Je sais maintenant à quoi sert le métier d'acteur".

    Des souvenirs bien douloureux

    Lors du tournage de Présumé Coupable, Alain Marécaux affirme avoir douloureusement vécu la scène où Philippe Torreton, amoindri de 27 kilos, apparaît complètement squelettique dans une chambre d'hôpital. Juste avant d'entrer sur le plateau, l'acteur lui a d'ailleurs dit: "Je n'ai pas mangé depuis six jours pour être prêt, pour savoir ce que c'est d'avoir faim". L'infirmière dans la scène, qui est la femme actuelle de Marécaux, a paniqué, faisant un transfert sur le comédien en s'imaginant que c'était réellement son époux sur le lit. L'huissier cite également une autre séquence éprouvante qu'il a vue durant la projection du film : celle où son personnage apprend le décès de sa mère, survenu en 2002, du temps où il était encore en prison.

    L'autre projet sur l'affaire Outreau

    Vincent Garenq n'est pas le seul à s'être intéressé à ce feuilleton judiciaire qui a tenu la France en haleine. Avant lui, le cinéaste engagé Yves Boisset avait aussi tenté d'en faire un film en 2006 mais en vain. Pour ce faire, il s'était basé sur le récit La Méprise écrite par Florence Aubenas. La journaliste avait couvert cette affaire pour le quotidien Libération. Le scénario de ce projet sur Outreau, produit par Yves Gasser (qui avait déjà collaboré avec Boisset sur Le Juge Fayard dit le shérif) et Jean-François Davy, devait même être signé Hugues Pagan, ancien inspecteur de police et créateur de la série Police district.

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