Après nous avoir fait découvrir des chasseurs de martiens, de zombies et de nazis hors-pair dans "Mars Attacks!" du producteur du film Tim Burton, "Bienvenue à Zombieland" de Ruben Fleischer et "Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino, Hollywood nous offre cet été une chasse aux vampires inoubliable et culte. Un film d'Histoire épique et fantastique qui donne bien envie de prendre les armes et surtout les haches pour se faire du vampire.
Très rares sont les moments où le cinéma hollywoodien a osé faire un mélange des genres. Dernièrement, "Transformers 3 : La Face cachée de la Lune", "Cowboys & envahisseurs" et "John Carter" eurent l'idée originale et intéressante d'associer plusieurs genres cinématographiques ensemble qui n'ont a priori rien à voir : le film d'invasion extraterrestre avec le film historique pour le premier, le film d'invasion extraterrestre avec le western pour le second, et le western et le film de science-fiction pour le dernier.
Ainsi, avec l'aide du scénariste Seth Grahame-Smith, également auteur du roman d'horreur dont le film est adapté qui fit déjà ses preuves en parodiant le célèbre roman de Jane Austen et en le renommant Orgueil et Préjugés et Zombies et scénariste du film de Tim Burton, le producteur du film, "Dark Shadows", Timur Bekmambetov a réalisé un véritable film historique en y rajoutant quelques ingrédients du cinéma d'horreur, du mythe du vampire et du revenge movie, afin de créer avec brio un film uchronique qui mêle Histoire et mythes fantastiques.
En effet, "Abraham Lincoln : Chasseur de vampires" ne laisse pas présager un biopic fidèle, du moins pas en apparence, car si le seizième président des États-Unis n'est pas connu pour avoir été chasseur de vampires - du moins c'est ce qu'on ignore et qu'on apprend grâce au roman et au film -, sa vie n'en n'est pas moins bien racontée. Ainsi assiste-t-on au décès de sa mère quand il a 9 ans, on découvre également un Abe passionné par la lecture. De plus, on le découvre s'intéresser de plus en plus à la politique, et faire la rencontre de sa future épouse Mary Todd à Springfield dans l'Illinois, qu'il épousera le 4 novembre 1842. Ainsi bien que le titre nous promette bien plus qu'une simple reconstitution historique et un simple film biographique sur la vie du premier président républicain des États-Unis, Timur Bekmambetov a respecté à la perfection l'Histoire officielle en tenant à ne pas déformer la réalité... ou presque.
Et c'est dès le moment que le spectateur apprend leur existence que le titre du film a priori biographique prend tout son sens, et que le genre fantastique et horrifique apparaît, pour le plus grand plaisir des amateurs de films de vampires et de films de vengeance. Car certes, le long-métrage adapté du roman de Seth Grahame-Smith respecte du début à la fin l'Histoire, en montrant bel et bien un Abraham Lincoln abolitionniste de l'esclavage, un avocat honnête, un homme politique combattant et favorable à l'égalité des Hommes. Mais finalement, comme nous l'informe et nous l'apprend son titre, "Abraham Lincoln" réussit à dresser un portrait méconnu et mystérieux du président le plus célèbre du monde. Si Clark Kent ou Bruce Wayne sont les hommes les plus mystérieux du monde vis-à-vis de leur entourage pour beaucoup de lecteurs et de cinéphiles, ils ne sont bel et bien plus les premiers justiciers du pays de l'Oncle Sam. Ainsi, c'est bien plus qu'un avocat homme politique et père de famille qu'on découvre interprété avec talent par l'acteur Benjamin Walker, mais un véritable individu à la vie secrète, que ce soit pour ses amis, son épouse, sa famille et ses militants. On fait la connaissance avec le plus grand mais le plus méconnu chasseur de vampire du monde, qui est paradoxalement le personnage historique le plus connu et encore admiré, Abraham Lincoln. Et si c'était vrai ? Et si le plus grand président de l'Histoire fut le plus grand justicier et vigilante de tout les temps ? C'est en tous cas ce à quoi a souhaité nous faire croire l'écrivain et scénariste du film Seth Grahame-Smith , qui a décrit un président Lincoln badass et vengeur - qui n'est évidemment pas sans rappeler le personnage auquel a donné naissance l'écrivain Bram Stoker en 1897 dans son roman Dracula : Abraham Van Helsing. Dès lors, le film historique retraçant la vie du célèbre dirigeant républicain des États-Unis devient un véritable revenge movie fantastique dans lequel Abe cherche à assouvir sa vengeance en retrouvant le meurtrier de sa mère. Cette quête le mènera à la rencontre du boutiquier Joshua Speed, incarné avec talent par l'acteur Jimmi Simpson, ainsi que du surprenant chasseur de vampires Henry Sturgess, interprété par le très charismatique Dominic « Howard Stark » Cooper. C'est ainsi que le spectateur découvre avec surprise l'identité des tortionnaires esclavagistes et soldats sudistes et par la même occasion les véritables origines de la guerre de Sécession, reconstituée avec brio grâce à des scènes de bataille épiques et des décors plus vrais que nature.
En effet, les décors reconstituants les paysages et les monuments de l'Amérique du XIXème siècle sont tout simplement majestueux, impressionnants et plus vrais que nature. Ainsi le spectateur a-t-il l'occasion de découvrir le State Capitol de Springfield ou bien le Washington Monument, l'obélisque située à Washington construite en l'honneur de George Washington, en construction, ainsi que la Maison Blanche et le Washington de l'époque, sans oublier les bateaux à roues à aubes qui circulent sur le Mississippi reconstitué de la Nouvelle-Orléans. Timur Bekmambetov a donc pleinement réussi à ancrer "Abraham Lincoln : Chasseur de vampires" dans la réalité, en réécrivant l'Histoire et en donnant une ambiance plus rock et moderne pour mieux servir cette épopée uchronique et horrifique très surprenante. Après tout, Michael Bay n'a-t-il pas fait se croiser les trente-cinquième et quarante-quatrième présidents des États-Unis John Fitzgerald Kennedy et Barack Obama et les astronautes Neil Armstrong et Buzz Aldrin avec des extra-terrestres Transformers, Roland Emmerich n'a-t-il pas fait embarquer la reine d'Angleterre Élisabeth II dans une arche pour la sauver de la fin du monde, ou Quentin Tarantino n'a-t-il pas fait assassiner le Führer Adolf Hitler par une bande de Bâtards sans gloire ? Si le réalisateur de "Wanted : Choisis ton destin" a incrusté des scènes de bullet time et des vampires assoiffés de sang et de liberté, c'était pour mieux servir ce film historique à la sauce fantastique qui plaira autant aux passionnés d'Histoire qui voudraient découvrir la vérité cachée sur Abraham Lincoln qu'aux amateurs de films de vampires et de vengeance, et pour mieux révéler l'identité cachée et jamais révélé de celui qui remporta « the Civil War » le 9 avril 1865 face aux États esclavagistes, dirigés peut-être pas seulement... par des Hommes. En attendant de chasser des sorcières et des géants en compagnie de Hansel et Gretel et de Jack en 2013, bonne chasse aux vampires au cinéma !