Pourquoi faut-il nécessairement que les films traitant d’homosexualité, a fortiori d’homosexualité masculine soit des espèces de drames aux limites de l’expérimental, froid, sans âme, distant ?! Ce Ligne d’eau est un film pas foncièrement mauvais, mais dont le caractère hautement démonstratif, pour ne pas dire didactique, et la froideur imperturbable finissent par profondément ennuyer !
Le casting n’est pas mauvais, mais les personnages sans relief, très clichés, ne leurs permettent pas de faire des miracles ! Curieusement celle qui sort du lot c’est Marta Nieradkiewicz qui joue la copine du héros, et qui, même si elle n’est pas exempt de lourdeurs à cause de son rôle, se démarque significativement, imposant son charme, son jeu plus tranchant que ses deux compères, et introduisant un peu d’exubérance dans ce film glacé. J’ai du mal à dire grand-chose des deux acteurs principaux, personnages attendus, acteurs plutôt fades, aussi bien dans le jeu que physiquement. On dirait des beaux gosses de soap-opera, et je ne doute pas qu’ils valent bien mieux, cela transparait épisodiquement, mais leurs rôles les enferment manifestement.
Le scénario de Ligne d’eau est simple. Il évoque une rencontre amoureuse homosexuelle, et va nous livrer un message sur la difficulté de cette relation en Pologne, notamment vis-à-vis de sa famille, et livrer un message anti-homophobie. Les intentions sont louables, mais la naïveté de l’approche, très caricaturale, notamment dans la dernière partie qui arrive de façon abrupte convainc moyennement. Reste que ce qui déçoit surtout c’est la froideur du traitement ! Le réalisateur voudrait nous dégouter des sentiments amoureux il ne s’y prendrait pas autrement dans ce métrage qui s’apparente à un documentaire sur la Corée du Nord ! Dialogues minimalistes, souvent peu utiles, érotisme distant, mise en scène monolithique donnant une grande place aux plans fixes et géométriques, photographie grise et naturelle, décors minimalistes, évoluant entre les murs gris et les vestiaires froids d’une piscine, entre un appartement encombré et quelques extérieurs nocturnes. Ligne d’eau ne parvient jamais à faire passer le moindre sentiment, la moindre émotion, on finit même par se demander comment ces deux mecs peuvent tomber amoureux tellement il n’y a pas d’amour perceptible, même pas dans les regards. Le réalisateur en effet s’attarde trop peu sur ses acteurs, les regards, les sourires, les gestes. C’est sans doute un parti-pris, on peut se dire que ces amoureux sont discrets pour ne pas trop en révéler publiquement. Pourquoi pas, mais du coup on reste spectateur très passif d’une histoire hermétique. Ce n’est pas la quasi-absence de musique qui donne plus de punch et de relief.
Ligne d’eau est donc un film dramatique très froid et distant, le genre de film qui se regarde avec un ennui poli, surtout que ce n’est pas l’absence d’érotisme graphique qui va réchauffer les cœurs ! C’est à mon sens un film à message, mais qui se concentre tellement dessus qu’il en oublie d’être une œuvre véritable. 1.5