« Les souvenirs » est une jolie comédie sentimentale toute en contrastes, qui ne se vautre toutefois pas dans l’affectation. En adaptant le roman éponyme de Foenkinos, Jean-Paul Rouve utilise les ressorts qui font vibrer le public ; des personnages (presque) tous attachants, des bons mots, un sujet universel, un peu de sensiblerie, une intentionnelle neutralité des décors… Bien évidemment cela ne peut que fonctionner, et réussir le pari de toucher le public. Et disons-le « Les souvenirs » est un film agréable. Mais il aurait pu être beaucoup plus que cela. Rouve, n’apporte jamais une vraie audace dans sa mise en scène, très plan-plan. Cela tient sans doute à son humilité, et sa simplicité. Il cherche à filmer l’émotion vraie et place discrètement sa caméra dans des décors très étudiés (trop ?) ne laissant place qu’au seul jeu des acteurs. Cela se révèle pertinent quand il s’agit de mettre en lumière Mathieu Spinosi, dont le charisme radieux et l’exactitude de son interprétation font merveille. Il en est de même pour Annie Cordy, qui depuis « Rue haute » a prouvé qu’elle était une actrice accomplie. Cela se gâte par contre avec Michel Blanc, il nous donne l’impression de caricaturer son Jean-Claude Dusse, qui serait passé de looser à vieux con. Il en fait des tonnes, n’est jamais dans le ton, et devient horripilant. Quant aux guest, transfuges du groupe M6, Lamy et Lebghil, on se demande s’ils ne sont à l’écran pour une caution du public, car en rien transcendante leur présence est inutile. Au sujet du choix musical, la chanson « Le bonheur » de Berry s’inscrit parfaitement dans la logique de cette histoire. Le « Que reste t-il de nos amours » version Doré (adaptation que j’apprécie beaucoup du reste) est par trop bling bling, mieux aurait valu conserver l’interprétation de Trenet. Le film, teinté aux couleurs sépia, se devait de le revendiquer, et pour Rouve de fait, d’en prolonger les artifices.