Présenté dans les films « Hors-compétition » du Festival de Cannes 2016, « The nice guys » intrigue tant par sa bande-annonce que par son pitch. Sympathique, le dernier long métrage de Shane Black se laisse voir en toute décontraction mais n’est peut-être pas à la hauteur des critiques dithyrambiques dont il fait l’objet. En effet, si le casting assure à 100%, le scénario et le ton du film oscillent entre comédie et parodie de façon inconstante et presque dérangeante… Petite présentation dans les règles de ce qu’on a aimé et ce qu’on a regretté.
- L’atout majeur du film est assurément son casting de choix. Russell Crowe et Ryan Gosling en tête. Se fondant à merveille dans le concept de budddy movie (cher à Shane Black), nos deux comédiens de renom s’allient pour le pire et le meilleur malgré leurs méthodes de travail radicalement différentes et leurs caractères opposés. En effet, Russell « Jackson Healy » Crowe s’emploie à cogner fort pour obtenir des réponses. Quant à Holland March (incarné par Ryan Gosling), son personnage est beaucoup plus original puisqu’il a tout du gaffeur et du faux naïf. Maladroit, il permet toutefois à l’enquête d’avancer non sans offrir une gamme de situations rocambolesques dont nos zygomatiques se souviendront longtemps encore. En réaction à ce florilège de gags, il est amusant de retrouver un comparse stoïque et imperturbable. Le duo fonctionne mais c’est aussi (et avant tout ?) grâce à l’aide d’une détective en herbe : Holly, la fille de Holland.
- La jeune Angourie Rice ne démérite pas et parvient à se mettre à la hauteur des deux vedettes. Sorte de « Fido » de l’Inspecteur Gadget, elle injecte ce qu’il faut de morale et de savoir-faire à nos deux compères ne manque d’inspiration. Indispensable à l’intrigue, la toute jeune comédienne de 15 ans fait jeu égal avec ses partenaires charismatiques. Ce n’est pas évident d’exister aux côtés de ces deux acteurs confirmés et pourtant !
- Parallèlement à cela, l’apparition de Kim Basinger (qui retrouve Russell Crowe de nombreuses années après « L.A Confidential ») faisait beaucoup parler d’elle et on ne comprend pas trop pourquoi… Presque anodines, ses scènes ne laisseront facilement oublier au profit de quelques jolies rencontres avec d’autres détracteurs tels que Keith David, Beau Knapp, Yaya DaCosta (future Whitney Houston à l’écran) ou encore Matthew Bomer (« FBI : duo très spécial »),
véritable figure du méchant froid et méthodique.
- Tout ce petit monde se fond dans un décor 70’s plus vrai que nature. Danielle Berman, Kym Barrett et leurs équipes techniques ont fait un travail de dingues pour nous immerger dans ces années colorées avec un réalisme probant. Les amateurs de belles voitures ne sauront plus où donner de la tête tant le défilé d’ancêtres est impressionnant. Pas étonnant quand on sait qu’un des sujets centraux du film est le développement automobile de la ville de Détroit.
- On adore aussi les musiques du film, à la « Shaft » ou à la « Jackie Brown » de David Buckley et John Ottman, boostée par un « September » des Earth wind and fire envoûtant et dansant.
- Si l’interprétation est excellente et l’ambiance magique, ce petit bijou est terni par un scénario un peu faiblard. Et pourtant, Shane Black, réalisateur de « Kiss Kiss Bang Bang » et « Iron Man 3 » est aussi un scénariste de renom. L’auteur de « L’arme Fatale » ou encore de « Last Action Hero » présente ici de belles idées sans pour autant parvenir à complètement les installer. En effet, dans « The nice guys », on est ballotté tantôt dans une parodie lourdingue, tantôt dans une comédie de qualité. Les répliques font mouches mais peuvent aussi finir collées aux stickers insecticides Baygon lorsqu’elles tombent à plat. Il fallait un prétexte pour faire rencontrer notre détective foireux et notre redresseur de tort et l’angle utilisé laisse un peu à désirer. Fort heureusement, les comédiens principaux s’en donnent à cœur joie pour porter le projet du metteur en scène et communiquent leur bonne humeur à tous les spectateurs au point de presque sauver la mise à l’intrigue militante écologique de peu d’alois.
- En dehors de ce scénario bancal, Shane Black offre une réalisation juste et adaptée aux différents genres présents dans le film : action/movie et comédie/parodie.
Prenons « The nice guys » pour ce qu’il est : une comédie rythmée qui tombe parfois dans la lourdeur mais qui offre un casting impeccable et un bon moment de divertissement.