Objet pop moderne que l’on contemple comme on le ferait devant une toile, The Neon Demon est un piège. Il est un piège parce qu’il emporte celui qui s’aventure à le regarder dans un tourbillon dont il ne peut réchapper, un peu comme la protagoniste principale. De part son aspect d’abord cool, branché et clinquant, on résiste très peu à la tentation de se laisser transporter dans cet univers fait de paillettes. Ca hypnotise les oreilles autant que ça tabasse les yeux, ça fait vibrer autant que ça agresse la pupille. Dans cette ambiance presque flottante et rêveuse, on s’imprègne de la naïveté du personnage principal qui découvre en même temps que le spectateur un monde surréaliste et électrisant qui en jette. Mais très vite, les sueurs froides font apparaitre cette sensation de vivre un rêve à la limite du cauchemardesque. On a beau être perturbé, carrément surpris par ce que l’on voit ou ressent, ou même effrayé, mais c’est trop tard… On est déjà pris dans l’truc, et Nicolas Winding Refn ne nous lâchera pas avant la dernière minute du générique de fin, qui est la preuve finale de son perfectionnisme. Tout se fait dans le regard : celui du spectateur, du personnage principal, ou de ceux qui l’entourent. En d’autres termes, The Neon Demon un film du visuel sur le visuel.
Puis on sort de la salle, on digère comme on peu tout ce qui nous a été envoyé en pleine poire, et on finit par se dire que, quand même, le réalisateur de Drive et Bronson ne doit pas avoir beaucoup de potes dans le milieu du mannequinat. Son Neon Demon est comme ce monde-là : superficiel et formidable en surface, mais tellement dérangeant et si peu naturel en vérité. Rien de très positif dans sa vision de ce monde-là : beauté plastique mêlée au pervers et au malsain, mais aussi à l’orgueilleux, l’égocentrique et le futile. Il n’y a, finalement, qu’un seul but pour s’en sortir : dévorer ses principales concurrentes… jusqu’au jour où, malgré tout, la réalité finit par remporter la partie. A côté de cela, d’autres critiques et petits pics incrustées dans le récit que l’on ne saisit pas intégralement lors de la découverte de ce film, tant Nicolas Winding Refn nous donne à deviner et à comprendre.
Finalement, cette oeuvre déroute autant qu’elle peut déplaire ou émerveiller. Dans ce trop-plein de symbolisme et d’esthétisme qui nous fait partir dans des directions totalement surprenantes, certains peuvent reprocher la dimension complètement WTF que prend le récit, tandis que d’autres peuvent crier au génie pour cette même raison. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : ce film est un électrochoc, et le spectateur n’en ressort pas indemne…. Allez, et si on re-tentait l’expérience ?