Sables émouvants
Comme Christopher Nolan, Ken Loach, et quelques autres très grands noms du cinéma mondial, Denis Villeneuve est un grand défenseur du cinéma au… cinéma. Et ces 166 minutes – qu’on ne voit pas passer -, le prouvent amplement. Un chef d’œuvre du genre. Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers. Le réalisateur canadien est un adepte du Show, don't tell, technique narrative qui incite à montrer plus qu'à dire. En voilà la démonstration avec ce film ébouriffant de bout en bout. Un seul mot : on attend déjà le 3ème volet avec impatience.
Cette épopée dramatique de science-fiction – l’action se situe en l’an 10191 – est évidemment adaptée du roman fleuve de Franck Herbert parue en 1965. Un chef d’œuvre de la littérature qui n’a pas pris une ride. Mais les moyens techniques – et le budget pharaonique de presque 200 millions de dollars -, actuels donnent une ampleur rarement atteint au récit à la fois haletant et émouvant, là où David Lynch en 1984 et Jodorowski en 2013 avaient lamentablement échoué. Dès le départ, Denis Villeneuve a pensé son adaptation comme un diptyque. Mais très vite un 3ème volet s’est imposé, tant le roman est dense et fertile en rebondissements et en morceaux de bravoure. Autant le 1er volet était contemplatif, autant cette deuxième partie est bourrée d’action, de moments épiques et guerriers. Pas un instant d’ennui. Sans compter la réflexion autour du pouvoir, de la foi et de l’identité. C’est intelligent, magistral, colossal, monstrueux, hypnotique… les qualificatifs me manquent. Reste que le monde d’après demain où s’affrontent fascisme et fanatisme religieux – suivez mon regard -, ne fait pas vraiment rêver.
L’ensemble du casting est au diapason des ambitions du cinéaste. Timothée Chalamet, une fois de plus, crève l’écran. Zendaya et Rebecca Ferguson jouent des partitions pleines d’ambiguïté. On ajoute Austin Butler méconnaissable en formidable méchant Christopher Walken et une distribution pléthorique où l’on retiendra les prestations en tous points remarquables de notre Léa Seydoux, Stellan Skarsgard, Charlotte Rampling, ou encore Javier Bardem. Et bien sûr, la peut-être meilleure partition du formidable Hans Zimmer, décidément un des grands musiciens de cinéma du moment. La science-fiction au cinéma franchit un nouveau palier avec ce monument de jamais-vu, d’audace et de perfection visuelle. Grandiose !