Avis sur Fataria

Fataria de Walid Tayaa est un film choral : cinq personnages essayent de résoudre leur problème, chacun de leur côté. C'est le jour du Sommet Arabe à Tunis, en mai 2004, donc en plein régime Ben Ali. A la radio, la célébration de l'événement. Dans leur quotidien, le chaos de la vie du peuple. Chacun se démène pour survivre : corruption ou système D. La darbouka ou la tabla rythme cet envers du décor d'une société sans illusion et à bout de souffle.
L'hyperbole permet de rire de la bureaucratie, de l'atrophie des hôpitaux, du délabrement du service public, de la solitude des artistes contemporains, de la débrouille obligée du petit peuple, etc. Chacun sait que ce burlesque n'est pas caricature et que la situation ne s'est pas vraiment améliorée, si bien que ce film baroque, truculent et carnavalesque met son indiscutable maîtrise au service d'une critique sociale acerbe et on ne peut plus actuelle.