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    àma Gloria
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "àma Gloria" et de son tournage !

    Une histoire vraie

    Le film est dédié à Laurinda Correia, la femme qui s’est occupée de Marie Amachoukeli quand elle était petite. Concierge dans l'immeuble où vivait la future réalisatrice, elle était issue de l’immigration portugaise : "J'ai vécu une grande partie de mon enfance dans sa loge avec ses enfants. Quand j’avais six ans, elle m’a annoncé qu’elle retournait au pays avec son mari pour ouvrir un établissement et refaire sa vie auprès des siens. Ça a été la première grande déflagration de ma vie."

    "Aujourd’hui, on est toujours en contact, on s’envoie des cartes, elle me souhaite mes anniversaires et quand je vais dans sa maison au Portugal il y a des photos de moi au milieu de celles de ses enfants et petits-enfants. Elle continue de m’appeler « ma fille ». Avec ce film, j’avais envie de raconter la place de quelqu’un qui s’occupe d’un enfant pour gagner de l’argent car c’est son travail, et comment parfois cela déborde", se rappelle Marie Amachoukeli. Elle ajoute :

    "Dans notre société, où la place de la mère est sacralisée, je crois que c’est tabou de dire qu’il n’y a pas que les parents qui peuvent avoir un amour débordant pour leurs enfants, ou qu’à l’inverse un enfant peut ressentir cet amour-là, absolu, pour une personne qui n’est pas son parent. Tu ne le dis même pas à ta propre famille. C’est un amour secret, presque clandestin, qui n’est jamais formulé. Et justement parce qu’il est secret, j’ai eu envie de le raconter."

    Référence

    Pendant l'écriture, un tableau de Jean-Baptiste Debret peint au 19ème siècle, en couverture de l'essai L’Oedipe noir de l’anthropologue Rita Laura Segato, a marqué Marie Amachoukeli : "On y voit une femme noire serrant fièrement dans ses bras un enfant blanc, à qui elle offre une protection enveloppante. En lisant le livre, on apprend qu’à l’origine le tableau s’appelait Don Pedro II dans le giron de sa gouvernante."

    "Puis il a été rebaptisé Don Pedro et sa nounou, et plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, Domestique portant un enfant dans ses bras, effaçant au fil des années le rôle essentiel d’une gouvernante pour le réduire au statut de domestique. Comme si un empereur ne pouvait avoir pour préceptrice une femme noire dont les origines rappellent un passé colonial, se remémore la cinéaste."

    Une rencontre

    Pour le rôle de Gloria, Marie Amachoukeli a rencontré beaucoup de nounous de plusieurs générations qui lui ont confié leurs histoires. La cinéaste a fait la connaissance de Ilça Moreno par l’intermédiaire de la directrice de casting qui a eu un coup de foudre pour elle suite à une première rencontre et un premier essai. Elle confie : "Ilça ressemble énormément au personnage de Gloria. Son parcours est très proche de celui du film, à moins que ce ne soit l’inverse. A l’origine, elle est infirmière au Cap-Vert."

    "En arrivant en France, elle s’est occupée d’enfants, en particulier d’un garçon handicapé dont elle était très proche. Elle m’a raconté pudiquement une partie de sa vie, son village et ses trois enfants qu’elle a dû laisser à sa mère. La rencontre avec Ilça m’a permis d’enrichir le scénario, de l’inscrire dans la réalité d’un pays. Ilça avait fait un peu de théâtre au Cap-Vert, elle est drôle, avait des dispositions naturelles. Puis, elle a le goût des aventures et l’idée de retourner au Cap-Vert pour un film l’animait beaucoup."

    Cannes 2023

    Ce film a été présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 et en fait l'ouverture.

    La question du regard

    Le récit du film est construit du point de vue d’une petite fille de six ans. Un parti pris fondamental pour la cinéaste Marie Amachoukeli : "La question du regard, je me la suis énormément posée, en amont, en aval, pendant le tournage et le montage. C’est le point de vue d’une enfant et non celui du documentaire. Ce qui primait pour moi était de travailler le hors-champ."

    "L’idée était de resserrer la vision de l’enfant sur ce qu’elle ressent et de recentrer tout le film à travers ce prisme. Et donc dans le film ce qu’on voit du Cap-Vert, c’est surtout ce qu’on en imagine, ce fameux hors-champ. Ça me permet de ne pas avoir un discours de carte postale, ni prétendument réaliste, et d’être avant tout sur le terrain des sensations et du sentiment."

    Trouver Louise

    Pour Louise, Marie Amachoukeli ne voulait pas d’enfant déjà inscrit dans des réseaux de casting ayant déjà tourné. La directrice de casting a remarqué Louise dans un parc : elle était très directive avec son petit frère, ce qui lui a plu : "Elle montrait déjà un fort caractère. Elle est venue passer des essais et j’ai tout de suite senti une chose que je crois assez rare chez les enfants de son âge : une écoute et une faculté incroyable à se mettre à la place des autres. Empathique en un sens."

    "Et puis elle avait quelque chose d’extrêmement normal, elle n’était ni l’enfant trop « choupinou » ni l’enfant « sauvage ». Dans un second temps, la rencontre entre Ilça et Louise et leurs essais filmés nous ont convaincues de partir avec elles deux. Le film est le parcours de deux émancipations : celle d’une femme qui revient dans son pays pour ne plus être l’employée de qui que ce soit et devenir indépendante, et celle d’une enfant qui apprend à grandir et s’aventurer dans la vie", confie la cinéaste.

    La partie capverdienne

    La partie capverdienne a été tournée à Tarrafal au nord de Santiago, la plus grande île de l’archipel : "C’est un territoire très volcanique. Et pour moi, l’enfance c’est ça. C’est pas du tout un territoire tranquille. C’est un terrain volcanique, débordant de tout : dans tes relations, dans ton imaginaire, dans ton ressenti du monde, où tout est une épopée. C’était d’ailleurs l’enjeu de la mise en scène. Je voulais un film sensoriel, où tout reste à vie, en vous, pour toujours, comme marqué au fer rouge", note Marie Amachoukeli.

    Une partie animée !

    Dans le film, il y a une première partie en région parisienne, une deuxième au Cap‑Vert et une troisième qui est animée ! La cinéaste Marie Amachoukeli explique : "Pour àma Gloria, j’ai demandé à Pierre-Emmanuel Lyet, un ami, illustrateur et auteur jeunesse, de co-réaliser l’animation avec moi et de prendre en charge le travail de recherches graphiques et de design. Nous avions comme référence Peter Doig et Félix Vallotton, des coloristes incroyables."

    "Doig pour le mystère qui émane de ses toiles, Vallotton pour son talent à saisir comme si de rien n’était une brève de vie, un moment volé, un bout de ciel qui vous reste gravé à tout jamais et vous perce le cœur. Fidèles à nos références, nous avons fait le choix de la peinture animée image par image au banc-titre : à la main et au pinceau, donc. Et pour les fonds et les décors, nous avons au contraire utilisé une technique très moderne sur le logiciel procreate."

    "La gageure était de faire en sorte que ces deux techniques puissent coexister. D’une séquence à une autre, nous ne pouvions reproduire une méthodologie. Toute cette matière s’est donc inventée de manière très artisanale, avec une équipe essentiellement féminine. Avec ce principe d’animation, on n’a pas le droit à l’erreur, le découpage est au cordeau, on ne peut pas revenir en arrière. Ce n’est pas un cinéma du remords, il n’y a pas d’autre choix que d’avancer !"

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