Et plus si affinités : les secrets du tournage

Et plus si affinités est le remake de Sentimental, un film espagnol réalisé par Cesc Gay. Ce sont les producteurs Romain Brémond et Daniel Preljocaj qui se trouvent être à l'origine du projet. Le réalisateur Wilfried Meance confie : "Ils aiment bien l’idée des remakes, comme 10 jours sans maman qu’ils ont produit, et ils fréquentent souvent les marchés de films pour déceler repérer les projets susceptibles d’être « remakés ». Comme ils avaient apprécié nos courts métrages et Jumeaux mais pas trop, ils nous ont envoyé le lien du film espagnol en nous disant qu’ils en avaient pris les droits et en nous demandant si on serait partant pour réfléchir au remake français."

Pour le couple Sophie-Xavier, Olivier Ducray et Wilfried Meance voulaient des acteurs qui soient prêts à jouer le jeu des lectures et à accepter un temps de tournage très court : "Il fallait donc que ce soient des comédiens qui ont cette notion de troupe, de travail collectif, chevillée au corps. Ils devaient être convaincus que les scènes allaient être drôles parce qu’elles seraient drôles ensemble."

"On a obtenu l’accord d’Isabelle Carré en premier. Puis, on est très vite arrivés au nom de Bernard Campan. C’est un grand comédien précis et sensible, et on savait que le spectateur allait l’aimer en dépit de son aigreur et ses sarcasmes. Surtout, dans l’inconscient collectif, Isabelle et lui forment, à l’image, un couple qui existe déjà et dont on n’a pas envie qu’il se sépare", se rappellent les cinéastes.

Isabelle Carré et Bernard Campan se connaissent très bien, puisqu'ils étaient en tête d'affiche de Se souvenir des belles choses (2003) et plus récemment de La Dégustation (2022).

Wilfried Meance avait déjà travaillé avec Pablo Pauly sur deux courts métrages et savait qu’il serait parfait en cabot volubile et moqueur. Olivier Ducray ajoute au sujet de Julia Faure : "Ce sont nos producteurs qui nous ont parlé les premiers de Julia et on a tout de suite trouvé l’idée très séduisante. On l’avait vue au théâtre et au cinéma, elle a beaucoup de talent, elle ajoute du glamour et on trouvait qu’elle nous aidait à aller vers une comédie plus « adulte », moins stéréotypée."

Olivier Ducray et Wilfried Meance ont tourné à deux caméras et à l’épaule, pour donner un côté naturel, vif et organique à la mise en scène de Et plus si affinité. Ils avaient en tête la série Succession où le spectateur est très proche des personnages. Ils notent : "L’utilisation des deux caméras permettait de ne rien manquer des réactions des acteurs, d’autant qu’on était quasi constamment en plan-séquence."

"La première partie de l’apéro dure 12 minutes : les techniciens, à l’épaule et au son, partaient à chaque fois pour des prises-marathons de 12 minutes chrono ! Les comédiens ont adoré pouvoir jouer toute la séquence en une fois. Si on n’avait pas eu des acteurs qui connaissent leur texte, la situation serait devenue vite ingérable. On a travaillé avec un super monteur qui vient de la musique et qui a un sens du tempo incroyable."

"D’ailleurs, quand il monte, il marque la mesure ! En comédie c’est vital car cela fonctionne sur le mode action/réaction. La vraie référence en la matière, ce sont les films de Louis De Funès. On découpe énormément et tout est bordé. On a tracé des plans au sol pour poser les personnages et déterminer les axes de caméra et le choix des focales. C’est comme cela qu’on varie les angles et qu’on évite les effets de lassitude."

"On a voulu susciter un sentiment d’étau : les plans deviennent de plus en plus concentrés sur les acteurs pour donner l’impression que l’étau, justement, se resserre."

Olivier Ducray et Wilfried Meance ont créé un décor dans un grand appartement du 9ème arrondissement de Paris de 355 m2, avec triple séjour, où tout a été recomposé. Les metteurs en scène se rappellent : "On a gardé un côté pour le séjour, un côté pour la salle à manger et un troisième pour une cour intérieure. On a travaillé avec une formidable chef-décoratrice qui a monté une équipe commando en trois semaines et qui avait à peine deux mois pour tout mettre au point."

"C’était seulement son deuxième film et elle a très bien géré la situation. C’est le genre de film qui se fait à l’énergie."