Ange fut à la fois un échec public et critique. Ernst Lubitsch était pourtant à l'apogée de sa réputation, de même que Marlene Dietrich, qui venait de triompher dans Desire et Le Jardin d'Allah. La réputation de ratage du film est explicable pour l'époque, "devant cette oeuvre bizarre qui raconte une intrigue de vaudeville à la Feydeau, avec des procédés de comédie, et qui pourtant est toujours grave".
Ange marque la première collaboration entre Ernst Lubitsch et Marlene Dietrich. En 1936, le réalisateur avait produit et supervisé Desire. La même année, il avait commencé la supervision d'I Love a soldier, dans lequel Marlene Dietrich était la partenaire de Charles Bolyer. Lubitsch n'avait pas fait de mise en scène depuis La Veuve joyeuse, en 1934. Ange marque son retour à la réalisation après trois ans d'absence.
Les rapports sexuels extra-conjugaux, et particulièrement l'adultère, sont au centre de la plupart des films de Ernst Lubitsch. Mais s'il peut s'inclure dans cette suite ininterrompue qui, de Carmen à La Dame au manteau d'hermine, parle avant tout de désir sexuel, Ange y occupe une place unique : "celle que lui ménage l'apparition, concomitante à celle du désir physique et l'éclipsant, du sentiment "amour", apparition liée au fait qu'il s'agit ici d'adultère de la femme".
Les studios Paramount achetèrent 8,500 dollars le scénario de Melchior Lengyel. La durée du film fut progressivement réduite, passant de 11 bobines à 9, après de mauvaises projections-test à New York ainsi que dans six villes californiennes, entre le 25 juillet 1937 et le 13 septembre 1937.
Herbert Marshall, qui incarne le mari de Marlene Dietrich dans Ange, était déjà son époux dans La Vénus blonde, de Josef von Sternberg.