Une famille formidable : secrets de tournage

Au début des années 90, la productrice Pascale Breugnot imagine avec le réalisateur Joël Santoni un téléfilm sur une famille confrontée aux problèmes de l’époque (divorce, crise d’adolescence, drogue…). Ce postulat de départ va ensuite être développé par Joëlle Miquel, Laurent Vachaud, Eve Deboise et Alan Layrac pour devenir… une série feuilletonnante de plusieurs épisodes. Diffusée depuis le 17 septembre 1992 sur TF1, Une Famille Formidable embrasse un destin inattendu, bénéficiant d’un succès interrompu auprès du public et se classant dans le top des séries françaises qui durent le plus longtemps, avec la saga Hélène et les garçons et Le Juge est une femme. Le secret de cette longévité ? "Je pense que le public nous suit toujours parce qu’on lui parle avec sincérité de problèmes qu’il peut rencontrer lui-même," répond Joël Santoni.

En 2012, le casting principal est le même que celui de 1992. Un exploit rare pour un programme avec une course de cette longueur. Deux exceptions sont faites pour les rôles de Reine Grenier (Béatrice Agenin remplace Catherine Spaak dans la saison 3) et de Jérémie Beaumont (Geoffrey Sauveaux succède à Alain Piquet dans la saison 7). D’autres changements de casting ont été effectués, mais uniquement pour des rôles secondaires ou pour les rôles d'enfants devenus adolescents.

Si la famille s’agrandit au fur et à mesure des saisons, elle connaît également certaines pertes marquantes. En 2008, Philippe Khorsand, interprète du meilleur ami de Jacques Beaumont, meurt d’un cancer peu après la diffusion de la saison 7. Si son personnage meurt dans la saison suivante, il réapparaît de manière spirituelle lors d’une scène particulièrement difficile à tourner pour l’équipe, qui se trouvait à deux pas de la tombe de l’acteur. A l’occasion de cet hommage, l’imitateur Yves Lecoq a dû lui prêté sa voix. Par ailleurs, en 2016, Béatrice Agenin quitte la série. Pour justifier son départ, son personnage, Reine, décède des suites d’une longue maladie. Un coup dur pour Anny Duperey : "Pour être franche, c’est vrai que ça m’a minée car Béatrice est ma meilleure amie dans la vie. Rien que d’évoquer le moment où j’annonce sa maladie à Jacques me fait encore pleurer !"

Pendant les cinq premières saisons, chaque épisode débutait par le résumé de l’épisode précédent, narré par Frédérique Beaumont (Jennifer Lauret). A partir de la saison 6, les résumés sont remplacés par une nouvelle musique de générique, en lieu et place de "Lacrima Blu" composé par Jean-Claude et Angélique Nachon, interprétée par le saxophoniste Turk Mauro.

Entre le réalisateur et ses (très !) nombreux comédiens, une certaine harmonie s’est instaurée, aidant notamment pour les scènes de groupe. Bernard Le Coq compare d’ailleurs la méthode de Joël Santoni à celle de Maurice Pialat : empreinte de confiance et de liberté. "Les repas en famille sont une chose importante dans cette série. Parfois, on est vingt à table. Quand on pense au nombre de plans et à tous les raccords regards que ça implique… c’est assez compliqué. Mais ce qui rend ces scènes souvent très vivantes, c’est parce que les acteurs jouent tous, même quand il ne sont pas à l’image. Et ça, c’est vraiment merveilleux.", admet le principal intéressé.

Entre le couple phare de la famille Beaumont, l’alchimie a fonctionné immédiatement. Anny Duperey se souvient encore de l’une de leur première scène ensemble : "On a improvisé et après on s’est regardé avec stupéfaction. On ne se connaissait pas du tout et pourtant, ça a été instinctif." Une complicité qui n’a cessé de grandir entre les comédiens, qui ne tarissent pas d’éloges l’un sur l’autre, comme le prouve Bernard Le Coq : "On a jamais eu de problème ou de conflit. Il y a, au contraire, une tendresse merveilleuse entre nous, qui m’épate toujours. Et puis, c’est une femme tout à fait délicieuse. Elle est épatante, il faut le reconnaître."

Entre Joël Santoni et Anny Duperey, un lien quasiment fraternel s’est établi, comme le raconte l’actrice : "On a découvert, bien avant qu’on ne tourne le premier épisode, qu’on avait été orphelin au même âge. On avait peut-être envie de se créer une famille idéale tous les deux… C’est peut être le fantasme de cette série." Une confiance sans laquelle Anny Duperey n’aurait pas pu jouer la scène où son personnage se rend sur la tombe de sa mère, dans la saison 7 :  "C’est tellement personnel que j’ai eu la crainte de ne pas y arriver. Joël m’a donc proposé que nous répétions cette scène au cordeau et qu’on ne fasse qu’une seule prise."