Il est difficile de comprendre l'objectivité des critiques (si elles se veulent ainsi) sur cette série. Si de rares épisodes sont bien réalisés, la majeure partie d'entre eux se composent de 60% de baratin mièvre déclamé par les personnages noyant les quelques scènes qui contribuent réellement à la narration. Nous sommes en général face à une approche "old school" du début des années 80. Une courte scène d'action suivie de scènes de dialogues, cadrage centré sur les persos, debout au milieu d'une pièce, sur un perron, au milieu d'une rue à 5cm l'un de l'autre pour se clamer leurs états d'âmes... je ne fais que légèrement exagérer. Alors bien sûr, le scénario de base est très intéressant (merci P.K.Dick), les reconstitutions, tout du moins sur les trois premières saisons sont vraiment saisissantes. Cependant la série ne trouve pas de souffle narratif, les éléments ne se posent pas, on attend systématiquement la suite de l'histoire noyée dans les dialogues souvent inutiles à la compréhension puisqu'ils parlent plus des sentiments des persos que de leur histoire. Les trois personnages de première ligne Juliana Crain, Franck Frink et Joe Black, n'ont aucune profondeur et font penser parfois à des personnages de soap. Heureusement, le colonel Kido, John Smith et Le ministre Tagomi animent l'histoire en plus de contribuer plus que les autres persos à son déroulement. Quant au personnage clé de la série, Abendsen, il est vraiment difficile de comprendre qu'elle est sa fonction dans l'histoire.
Nous ne sommes même pas certain qu'il soit le père de Juliana Crain tellement l'allusion est balancée d'une façon désopilante en fin de saison 4
. Le tout est tellement mal fagoté que nous ne parvenons pas à comprendre comment nos personnages vont se sortir de cette histoire, il y a un verrouillage scénaristique
: la puissance des nazis est telle qu'il est impossible d'imaginer que les poches de résistance éparses et si peu outillées peuvent changer le cours des choses. On devine juste une possibilité du coté japonais pour que le ministre Tagomi et la compagne de l'empereur fassent cesser les hostilités. Mais comme le ministre est la cible d'unités d'assassins du reich, on se dit qu'il ne va pas faire long feu
. Alors on attend avec impatience la 4ème saison. Et là, ce qui était à peu prêt acceptable et passable bascule dans l'absurde le plus total. Tout d'abord c'est une série de plus qui n'a pas su gérer la thématique des univers parallèles et paradoxe quantiques. Il y a donc par ci et par là des incohérences (qui ne seront pas compensées). Mais le plus gros coup est d'avoir balancé un groupe de personnages, jusqu'à présent inconnus dans la série, qui vont en réalité faire basculer la situation. Pourquoi ne pas avoir construit la narration avec une montée progressive de ce groupe dans l'histoire, d'autant plus que sa nature sociale et culturelle le légitimait? Réponse: parceque le travail de rédaction scénaristique dans cette série est médiocre et sans projection.
Des noirs américains qui font basculer le reich autant que l'ordre ségrégationniste qui prévalait avant son arrivée, cela ne valait-il pas le coup d'être développé? Cette scène ou les rebelles noirs victorieux refusent de hisser l'ancien drapeau américain à la place du drapeau nazi est une clé.
Mais voila, il fallait une astuce pour une happy end, elle a été trouvée. La série se clôture sans aucune explication sur les particularités scientifiques qui ont amené le coté fantastique. La scène finale est incompréhensible, elle laisse penser à une sorte de libération, tous ces individus
qui sortent du portail sont sensés venir d'autres dimensions, mais pourquoi? Ils sont de toute origine
, cela laisse penser à la libération des camps de concentration, ou le retour des humains dans rencontre du 3eme type... Il y a dans cette série une sorte d'escroquerie, histoire inspirée de K.Dick, Ridley Scott à la prod, on se dit que ce doit être bon. Il n'en est rien.