Il arrive parfois qu'un tournage laisse un réalisateur si fatigué qu'il pense renoncer à son métier. Cela a été le cas sur Aviator, qui a laissé Martin Scorsese si stressé qu'il se disait prêt à raccrocher la caméra ! Explications.
Aviator raconte l'histoire du milliardaire et aventurier Howard Hughes sur une période de 20 ans. Interprété par Leonardo DiCaprio, ce personnage bien réel a tout fait au cours de sa vie, de patron de studio de cinéma à producteur en passant par pilote d'avion en avance sur son temps et industriel.
Très ambitieux, ce tournage connaît des dépassements pour lesquels Martin Scorsese paye de sa poche une somme estimée à 500 000 dollars mais se passe autrement sans problème majeur. Sauf qu'en coulisses, la Warner Bros a un souci.
Miramax
Il est prévu qu'Aviator sorte autour de Noël, période assez proche des Oscars de février pour que le film reste dans la tête des votants de l'Académie.
Sauf qu'en décembre, l'agenda de la Warner est déjà plein d'un film par semaine avec Blade Trinity (8 décembre), Ocean's Twelve (10 décembre), Million Dollar Baby (15 décembre), Un long dimanche de fiancailles (17 décembre) et le remake Le Fantôme de l'opéra (22 décembre).
JACOVIDES-MOREAU / BESTIMAGE
C'est pour cela qu'en avril 2004, Warner se tourne vers la firme Miramax. C'est cette dernière qui sortira le film sous sa bannière, ce qui coûte 50% des revenus américains du film à la Warner. Miramax gagne aussi les droits de diffusion du film à la télé américaine, et Warner conserve ceux de la vidéo à la demande et de l'édition physique.
Le fait que deux studios différents s'impliquent dans la sortie et le montage d'Aviator a conduit Martin Scorsese au bord de la crise de nerfs, comme il s'en était fait l'écho dans le New York Times en 2020 :
Les deux dernières semaines de montage et mixage de The Aviator, je me suis dit : 'si c'est comme ça qu'on doit faire des films, je n'en ferais plus jamais'. C'est comme être dans un bunker et se faire tirer dessus dans toutes les directions. Vous commencez à réaliser que vous ne parlez plus la même langue, et vous ne pouvez plus faire de film.
Martin Scorsese reverra tout de même sa copie en sortant sept longs métrages de fiction par la suite, sans compter les documentaires ou les pilotes pour la télé (Vinyl, Boardwalk Empire). Au fil des années, il fera cependant le constat que les financements traditionnels sont difficiles à trouver, ce qui le conduira à se tourner vers les plateformes pour deux d'entre eux : The Irishman (Netflix) et Killers of the Flower Moon (Apple).
Ce dernier, présenté au dernier Festival de Cannes, sort sur nos écrans via Paramount France le 18 octobre prochain :
