Ames sensibles, s'abstenir. Ca va charcuter sur gros plans de jets d'hémoglobine. Tortures, brûlures et mises en scènes morbides de cadavres mutilés... Bon appétit.
Bryan Fuller, créateur de Dead Like Me et Pushing Daisies revient dans un tout autre registre avec Hannibal. Si la mort est toujours omniprésente, terminé l'humour et la faucheuse tournée en dérision. Avec cette nouvelle adaptation du célèbre cannibale des romans de Thomas Harris (Dragon Rouge, Le silence des agneaux), Fuller ne plaisante plus du tout. Superbement incarné par Mads Mikkelsen, le Docteur Lecter reprend du service dans une série en trois saisons globalement réussies. Secondé par un brillant casting en la présence de Laurence Fishburne (imposant Jack Crawford) et Hugh Dancy (magnétique Will Graham), sans oublier une Gillian Anderson à des lieux de l'inspecteur Scully, la série nous offre de superbes face à face d'acteurs. L'esthétique est parfaite à mon goût. La mise en scène très imagées pour retranscrire les états d'âmes ou le subconscient des personnages fonctionne à merveille. Les séquences de cuisine nous mettent l'eau à la bouche malgré les menus peu conventionnels préparés par Hannibal. Bref, visuellement, rien à redire. Les quelques imperfections sont à chercher au niveau du scénario. Assez lent à se mettre en place (une moitié de saison), une fois la machine machiavélique huilée, on est pris au piège des épisodes jusqu'à un final de première saison qui malgré sa qualité, n'est que la rampe de lancement d'une deuxième saison parfaite en tous points (atmosphère, image, scénario). C'est d'ailleurs cette perfection qui nous jouera des tours dans la troisième et dernière saison, bien en-dessous de ce que le show nous avait offert jusque là. Une première partie pantouflarde et ô combien décevante malgré quelques moments réussis, moments que l'on pourrait comparer aux derniers sursauts de vie d'une victime, laisse finalement la place à une intrigue plus familière. Si à ce moment, on se réconcilie avec l'ensemble, on n'atteindra jamais, jusqu'au final, le niveau d'intensité et plaisir coupable des meilleurs moments du show.